Fondée par Paul Soubaya, la société Réunion Valorisation Environnement (RVE), spécialisée dans la dépollution des déchets d’équipements électriques et électroniques, a remporté en 2022 un appel à manifestation d’intérêt de Citeo visant à faciliter le recyclage des déchets plastiques locaux. L’heure est au montage technico-financier du projet et à la recherche d’un terrain qui pourra accueillir la nouvelle activité.
ORPLAST signifie « objectif recyclage plastiques » : il s’agit d’un dispositif destiné à augmenter l’utilisation de matières plastiques provenant du recyclage dans les activités de production. C’est dans le cadre du plan France Relance et de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire que le ministère de la Transition écologique et l’ADEME ont lancé en 2021 cet appel à projets ORPLAST (le troisième du genre après ceux de 2016 et 2018). À la clé, une aide à l’investissement pour monter des projets facilitant le recyclage des matières plastiques. Cette troisième édition d’ORPLAST s’adressait aux PME et, parmi la vingtaine de régions concernées, incluait les cinq DOM et la Polynésie française. S’en est suivi un appel à manifestation d’intérêt organisé par Citeo, éco-organisme national en charge du recyclage des emballages en plastique, qui a retenu pour La Réunion la solution technique de Paul Soubaya, fondateur de la société Réunion Valorisation Environnement, qui depuis 2006 s’occupe du prétraitement des DEEE. Le projet prévoit la production de paillettes à partir des déchets de plastique. Cette transformation est la première étape indispensable de tout processus de recyclage des plastiques. La solution technique proposée par Paul Soubaya permettra de rentabiliser un outil industriel dimensionné pour le gisement réunionnais de 6 000 à 7 000 tonnes des déchets de plastique. En métropole, les solutions actuelles ont besoin de traiter au moins 15 000 tonnes de déchets pour être économiquement viables.
Les paillettes, une matière première secondaire
Cette avancée technique devrait augmenter sensiblement la matière première secondaire disponible à La Réunion pour produire des emballages et des films en plastique. Elle devrait aussi modifier les conditions d’exportation des déchets de plastique puisque ce serait des paillettes, et non plus seulement des balles de déchets en plastique, qui seraient expédiées. « C’est en réfléchissant à la problématique des plastiques dans notre activité de DEEE que nous avons envisagé ce développement, explique Paul Soubaya. L’idée est de mettre en place à La Réunion une unité de traitement de plastiques, tous plastiques confondus, en adéquation avec le gisement et l’économie locale Le challenge était de trouver une solution technique pouvant aller jusqu’au recyclage. Finalement, nous nous arrêterons à la production de paillettes qui pourront être utilisées dans n’importe quels processus de recyclage. Pour le bottle to bottle, la fabrication de nouvelles bouteilles à partir du recyclage des bouteilles en PET, les paillettes seront réexpédiées en dehors de l’île. Pour les autres plastiques, nous produirons avec ces paillettes des granulats adaptés aux besoins des acteurs locaux, le surplus étant exporté. »
L’appel aux collectivités
Le gisement ? Il s’agira d’orienter vers la nouvelle unité tous les plastiques ménagers, les plastiques venant du centre Inovest, les films agricoles, les bâches, les plastiques provenant du démontage des véhicules, les déchets de plastiques provenant de tous les secteurs professionnels, etc. Le calendrier table sur un démarrage de l’activité fin 2026. L’heure est au montage technique et financier du projet et, le site saint-andréen de RVE ne pouvant l’accueillir, à la recherche d’un terrain. « Je préférerais que ce soit dans l’Est, où le chômage est élevé », ne cache pas Paul Soubaya, qui lance ce message aux collectivités. « Ce serait une vraie valeur ajoutée pour l’économie de l’Est », fait valoir le dirigeant de RVE, rappelant qu’il a également d’autres projets de développement en vue.