Riche d’une expérience extrêmement diversifiée au sein de BNP Paribas en métropole, Issa Imraan a pris le 1er février la direction générale d’une entreprise en excellente santé, qui se positionne à la pointe de la finance durable. La banque réunionnaise vient ainsi de se doter d’un green desk, une équipe spécialisée dans le financement des projets de RSE et de transition écologique. En nommant à sa tête un enfant du pays âgé de 42 ans, BNP Paribas affirme son ancrage réunionnais dans cette période d’évolution économique et sociétale.
Leader Réunion : Êtes-vous le premier directeur général d’origine réunionnaise de BNP Paribas ?
Issa Imraan : À ma connaissance, oui. Je pense même que la nomination d’un Réunionnais à la tête d’une banque locale est une première à La Réunion. Il y a, au sein de BNP Paribas, cette volonté de promouvoir des cadres réunionnais qui ont gravi les échelons en interne et peuvent prétendre à des postes de haute responsabilité, qu’il s’agisse de cadres partis en métropole, comme c’est mon cas, ou restés sur l’île. Être Réunionnais apporte une connaissance du territoire, de son tissu économique, de sa population, de sa culture, de ses spécificités en termes d’activités que ne peut avoir un dirigeant qui ne connaît pas l’île.
Quel parcours avez-vous suivi ?
Je suis originaire de Saint-Denis. Après avoir obtenu un master Économie et Gestion à l’université de La Réunion, j’ai poursuivi mes études à Bordeaux en économie et en finance internationale, avant d’intégrer le groupe BNP Paribas en 2004. J’ai débuté ma carrière à Poitiers au sein d’un groupe d’agences. Puis j’ai été appelé au siège à Paris où j’ai exercé différentes fonctions pendant dix-huit ans. En premier, à l’inspection générale du groupe en tant qu’auditeur et chef de mission. Puis j’ai été en charge des politiques d’octroi de crédit, domaine qui m’a amené à travailler sur les financements de l’innovation, de l’entrepreneuriat social, des crédits immobiliers et des crédits à la consommation. J’ai ensuite été nommé directeur commercial régional en charge de l’animation des PME d’Île-de-France, soit sept centres d’affaires avec une équipe travaillant sur les financements structurés, l’accompagnement des entreprises à l’international, le trade, le cash, le restructuring des clients en difficulté. La dernière mission qui m’a été confiée, avant ma nomination à La Réunion, a été la direction de crise pour la banque commerciale en France. J’ai eu à coordonner des crises majeures. Durant la crise de la Covid-19, par exemple, j’ai mis en œuvre le protocole sanitaire pour l’ensemble des 20 000 collaborateurs et collaboratrices de la banque en métropole. À ce poste, j’étais également chargé de la sécurité des personnes et des biens, du département de lutte contre la fraude interne et externe et de l’animation du code de conduite interne, c’est-à-dire le respect entre collègues. Je préparais la banque commerciale en France contre les effets de la potentielle crise énergétique lorsque j’ai été nommé à la direction générale de BNP Paribas Réunion.
Comment se porte la banque dont vous venez de prendre la direction ?
Nous avons fait une très belle année 2022. Une de nos meilleures années depuis dix ans. L’activité continue de se porter bien en ce début d’année 2023. Nous accompagnons beaucoup de projets. Notre activité reflète le dynamisme de l’économie réunionnaise. Les chefs d’entreprises ont beaucoup de projets d’investissement, de développement. Les projets de RSE et de transition écologique se multiplient également. Notre banque est particulièrement bien préparée à répondre à toutes ces attentes.
Quels sont les atouts de BNP Paribas Réunion dans cette période d’évolution des pratiques économiques ?
Il y a d’abord notre ancrage réunionnais. Je rappelle que nous sommes une banque historique, implantée à La Réunion depuis 1927 ! Ensuite BNP Paribas Réunion, c’est aujourd’hui 200 collaborateurs et collaboratrices engagés au quotidien au service de l’ensemble de nos clients : particuliers, professionnels des TPE-PME, grandes entreprises et clients de la banque privée. C’est aussi un maillage territorial : nous avons 15 agences dont une agence spécialisée pour les professionnels. Notre centre de banque privée dispose de plusieurs antennes, et notre centre d’affaires entreprises en possède également deux. Ce centre d’affaires contient un pôle spécialisé dans le financement de l’innovation ainsi qu’un pôle destiné à l’accompagnement des professionnels de l’immobilier. Début février, un green desk spécialisé dans le financement de projets de RSE et de transition écologique est venu compléter ce dispositif. Nous nous appuyons également sur deux acteurs complémentaires : Arval pour l’offre de financement de l’achat de véhicules et Factor dans l’affacturage d’entreprise. Nous disposons d’une très bonne équipe, dynamique, expérimentée et très investie pour servir nos clients et soutenir l’économie réunionnaise.
Quel est le rôle du green desk ?
Il met en œuvre une démarche à la fois de financement et de conseil pour aider les chefs d’entreprise à financer leurs projets de RSE ou à prendre en compte cette dimension dans leurs projets de développement. Les green desks composent un réseau national : chaque centre d’affaires de BNP Paribas a le sien. IIs forment une communauté de référents spécialement formés à l’accompagnement et au financement de ce type de projets. Leur réseau s’appuie sur des partenaires techniques pour, par exemple, mesurer l’empreinte carbone d’une entreprise, d’une activité, d’un projet. Sur le plan financier, cette démarche repose sur des taux d’intérêt bonifiés pour soutenir les projets de RSE. BNP Paribas mobilise des fonds destinés spécifiquement au financement de la RSE. C’est tout un nouveau dispositif d’accompagnement et de financement spécialisés qui se déploie actuellement.
BNP Paribas s’affiche comme la banque de la finance durable ?
Notre politique de financement de la RSE s’est accélérée. Elle va prendre très prochainement une place centrale dans notre activité. Nous sommes en train de l’intégrer dans notre travail quotidien, y compris dans l’octroi des crédits. En matière d’épargne responsable, c’est déjà le cas. Le green desk au service des entreprises en est un autre exemple.Et ce n’est que le début. Notre rôle en tant que banquiers engagés devient clairement d’accompagner la population réunionnaise et les chefs d’entreprise dans leurs projets de transition écologique. Cette approche fait désormais partie de notre fonctionnement, de notre raisonnement, de la formation de nos équipes.
Quelles sont les actions de la banque elle-même en matière de RSE ?
Nous avons nos propres objectifs de réduction de notre empreinte carbone (-10 % en 2025 et neutralité en 2050). À titre d’exemple, nous venons tout juste d’achever l’électrification complète de notre flotte de véhicules. Autre action : nous soutenons l’entrepreneuriat féminin. J’ai signé récemment une charte d’engagement pour l’accompagnement des femmes dans leurs projets de reprise et de création d’entreprise. Nous le faisons depuis déjà plusieurs années et nous avons renouvelé cet engagement. Nous sommes présents au côté du milieu associatif. BNP Paribas soutient des projets d’insertion dans les quartiers défavorisés pour faciliter l’inclusion des jeunes. Nous venons également de renouveler notre engagement auprès de l’association Entreprendre pour apprendre, qui développe une pédagogie de mini-projets d’entreprise dans les collèges et lycées. Point important, nous relayons le projet Banlieues, piloté par la 
Fondation BNP Paribas. Dans ce cadre, nous lançons un appel à projets auprès du milieu associatif réunionnais. Nous sommes aussi aux côtés du milieu sportif : nous sommes le partenaire historique de l’Open international des Brisants, le célèbre tournoi de beach tennis qui a lieu ce mois-ci.
BNP Paribas a dévoilé l’année dernière son plan stratégique 2022-2025 GTS (Gross Technology Sustainability). Comment se décline-t-il localement ?
Ce plan stratégique comprend deux axes majeurs. BNP Paribas Réunion va devenir une banque plus digitale. C’est le premier axe. Un gros projet de migration de notre système informatique se réalise au mois de mai. Il va nous permettre de digitaliser nos services. Outre-mer, cette migration progressive commence par La Réunion. Nos clients vont pouvoir effectuer en toute autonomie et en instantané la majorité des opérations courantes grâce à une application dont les fonctionnalités seront localement très proches de celles proposées en métropole. Nous allons dématérialiser les relevés bancaires : ils seront disponibles dans un espace sécurisé auquel nos clients auront accès. Enfin, nous allons aligner nos tarifs sur ceux pratiqués par BNP Paribas en métropole. L’autre grande composante du plan stratégique, c’est la RSE dont nous venons de parler : l’accompagnement de nos clients dans leurs projets de finance durable en faveur d’une économie basse carbone.
