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samedi 2 novembre 2024

Textiles : stop fast-fashion à l’offensive

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Alors qu’une proposition de loi sur la « fast-fashion » (mode jetable) s’apprête à être débattue à l’Assemblée nationale et qu’une deuxième vient d’être annoncée, la coalition Stop Fast-Fashion appelle les parlementaires à adopter un texte ambitieux pour mettre fin à ce système de surproduction délétère pour l’emploi et l’environnement. Elle demande un malus pour les marques qui commercialisent plus de 5 000 nouveaux modèles de vêtements par an.

Déposée fin janvier par le groupe Horizons, dont sont issus le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu et l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, cette proposition de loi vise à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile. Elle doit être discutée à l’Assemblée nationale, d’abord en commission du développement durable et de l’aménagement du territoire à partir du 5 mars 2024, puis le 14 mars en séance publique, lors de la niche parlementaire du groupe. Elle définit la fast-fashion en fonction des quantités de modèles proposés et des fréquences de renouvellement des collections et prévoit de sanctionner financièrement cette pratique, via un malus sur les produits textiles pouvant aller jusqu’à dix euros par article. Le texte propose en outre d’interdire la publicité pour les produits et marques de fast-fashion. Une autre proposition de loi, qui vise à sanctionner les marques mettant en vente plus de mille nouveaux modèles par jour, a été annoncée par le député Les Républicains Antoine Vermorel-Marques.

Un projet de loi insuffisant pour Stop Fast-Fashion
« Il s’agit d’une initiative attendue depuis bien longtemps, analyse Pierre Condamine, chargé de campagne surproduction aux Amis de la Terre France. En particulier, le texte du groupe Horizons propose de définir et de pénaliser la fast-fashion, mais se cantonne à un seul critère, celui de la rotation rapide des modèles. Pourtant, la fast-fashion ne se limite pas à Shein, c’est aussi et surtout des enseignes qui vendent des quantités astronomiques de vêtements. Il faut aussi s’attaquer aux quantités mises en marché, aux prix trop bas et aux promotions, pour en finir avec ce désastre environnemental et social qu’est la fast-fashion. » Pour Charlotte Soulary, responsable du plaidoyer de Zero Waste France, « sanctionner uniquement les entreprises qui mettent plus de 1 000 modèles par jour sur le marché, ce ne serait pas suffisant. Il faut un malus pour toutes les marques qui commercialisent plus de 5 000 nouveaux modèles de vêtements par an. »

La fast-fashion, fléau social et environnemental
Avec 3,3 milliards d’articles commercialisés en France en 2022, soit 48 par personne, jamais autant de vêtements et chaussures n’ont été vendus sur le territoire, fait valoir Stop Fast-Fashion. En parallèle, le secteur n’a jamais semblé se porter aussi mal : 10 000 emplois auraient été perdus en un an, 300 000 depuis les années 1990. « En France, le boom de la fast-fashion coïncide avec une explosion des volumes jetés chaque année, souvent de trop mauvaise qualité pour être réemployés. La part de textiles encore en bon état est ainsi passée de 64 % à 55 % en moins de dix ans, augmentant la part de textiles destinés au recyclage ou à l’incinération. Les associations de la collecte et du réemploi solidaire comme Emmaüs sont donc témoins et victimes des méfaits de la fast-fashion. Il faut en finir avec les ravages de cette industrie en limitant les volumes qu’elle a aujourd’hui la possibilité de mettre en marché, et ainsi favoriser la vente de produits de qualité, écoconçus, réparables et réemployables. »

Des conditions de travail déplorables
La lutte contre la fast-fashion. ne peut faire l’impasse sur le lien » entre exploitation humaine et destruction de la planète ». « Derrière les collections sans cesse renouvelées et les prix cassés, il y a des travailleuses anonymes vivant sur des salaires indignes, des conditions de travail déplorables et de graves violences contre les femmes. Pour une industrie de la mode plus durable, il faut une réponse triple : justice environnementale, justice sociale et justice économique », déclare Salma Lamqaddam, chargée de campagnes à ActionAid France.

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