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jeudi 21 novembre 2024

Qui payera le coût du cacao zéro déforestation ?

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Afin de lutter contre la déforestation, l’Union européenne a adopté un nouveau règlement, en 2023, pour que les produits de plusieurs filières, dont le cacao, entrant sur le marché européen soient « zéro déforestation ». Max Havelaar France interpelle les pouvoirs publics et l’industrie sur les moyens alloués aux cacaoculteurs pour leur permettre de répondre aux exigences de ce nouveau texte.

L’Union européenne vient d’adopter un nouveau règlement qui oblige les entreprises à prouver que les produits mis sur le marché européen ne sont pas à l’origine de déforestation. Il leur faudra donc tracer l’origine des produits depuis la parcelle de terre où ils ont été produits. Cette nouvelle réglementation vise, en partie, à protéger les forêts, qui assurent des moyens de subsistance à l’équivalent de près de quatre fois la population de l’Union européenne. Néanmoins, la nouvelle réglementation s’appuie sur un dispositif de traçabilité, technique et humain. Pour exporter vers l’Europe, les coopératives de cacao seront obligées de mettre en œuvre des outils, souvent numériques de cartographie complexes, y compris des données GPS. Ils devront télécharger des données de traçabilité permettant de comparer la localisation des parcelles agricoles et des photos satellites des forêts classées. Cela a un coût. Or, la majorité des cinq millions de petits producteurs et productrices de cacao sur lesquels repose la production vivent dans des conditions de pauvreté liées au prix bas payé pour les fèves. Le respect de ce nouveau règlement demande des moyens financiers bien au-dessus de ce dont ils disposent. Ils ne sont pas en mesure, aujourd’hui, de prouver leur conformité au nouveau règlement.

L’appel de Max Havelaar France

« Choisir entre nourrir sa famille et lutter contre la déforestation, ce n’est pas un choix ! Il faut donner davantage de moyens économiques aux producteurs ! » explique Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France. « Les cacaoculteurs et cacaocultrices en situation de pauvreté ne peuvent pas investir, en l’état actuel, dans des méthodes de production plus efficaces et durables. Assurer un revenu minimum vital est la condition sine qua non pour de la durabilité, et le premier pas pour faire face aux problématiques environnementales et sociales de la filière. » Max Havelaar France demande à l’Union européenne, mais aussi aux entreprises, de veiller à ce que toutes les mesures adoptées dans la législation contre la déforestation incluent l’équité et la justice sociale comme éléments essentiels. L’association réclame la réalisation immédiate d’une étude sur le nombre d’exploitants de cacao risquant d’être impacté. Étude qui permettrait de répondre « par des mesures urgentes et significatives » aux besoins de la mise en conformité des petits exploitants.

Le chocolat équitable, meilleure voie pour un cacao durable

« L’un des principaux leviers pour rendre la filière du cacao durable est l’évolution de la filière vers une valeur mieux répartie, de manière équitable », estime Max Havelaar France. Pour l’association, cette valorisation doit comporter un revenu vital pour le travail des cacaoculteurs « qui ne touchent qu’environ 7 % de la valeur d’une tablette quand la distribution (40 %) et la fabrication (40 %) s’arrogent la part du lion. » « Cette rémunération suffisante est un droit humain reconnu par l’ONU et l’Organisation internationale du travail (OIT) », ajoute Max Havelaar France. Malgré un marché équitable en forte croissance en 2022 (+19 %), la consommation du cacao issu du commerce équitable reste un acte limité en France : sur 11 kg de chocolat que consomme un foyer par an, seuls 700 grammes sont équitables.

UNE CAMPAGNE « QUI FAIT TACHE »

À l’occasion de la Journée mondiale du cacao, dimanche 1er octobre, Max Havelaar France a lancé la campagne « qui fait tache » pour dénoncer les conditions de travail et de vie des producteurs et productrices de cacao. À partir du mercredi 27 septembre et durant toute la semaine, des taches de chocolat sont apparues sur les réseaux sociaux, dans le métro de Paris, sur YouTube et ailleurs. Chacun pouvait porter sa pierre à l’édifice en partageant un sticker taché de chocolat et en utilisant le hashtag #LeChocolatCaTache.

LE CHOCOLAT ÉQUITABLE CHEZ MAX HAAVELAR

Cacao tree with cacao pods in a organic farm.

La forte croissance, en 2022, des ventes de chocolat équitable provenait de 2 196 produits labellisés contenant du cacao Fairtrade/Max Havelaar commercialisé sur le marché français. Des produits très variés, allant de la traditionnelle tablette de chocolat à la pâte à tartiner ou encore aux glaces. Plus de 15 400 tonnes de fèves de cacao ont été vendues aux conditions du commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar en France en 2022. Les enseignes à dominante marques propres comme Aldi, Lidl et Action, ont connu de bonnes performances avec une hausse de 19 % de leur chiffre d’affaires générée par la vente des produits chocolatés labellisés Fairtrade/Max Havelaar.

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