Pour les heures de travail effectuées, plus d’un quart des indépendants gagne moins de la moitié du Smic annuel. L’insee tire ces conclusions de l’analyse des déclarations de revenu de cette catégorie socio-professionnelle.
En 2019, la France métropolitaine comptait plus de trois millions d’indépendants. Les activités qu’ils exercent sont très variées ainsi que le revenu qu’ils en retirent. Ils sont exploitants agricoles, électriciens, restaurateurs, coiffeurs, pharmaciens, avocats ou encore artistes. Un peu plus d’un indépendant sur dix (12 %) vit sous le seuil de pauvreté et plus d’un quart (27 %) gagne moins de la moitié du Smic annuel. C’est ce qu’indique un rapport de l’Insee réalisé d’après les résultats de la dernière enquête sur les revenus fiscaux et sociaux de 2018 et 2019. Il montre qu’ils sont plus nombreux à être dans ce cas parmi les femmes, les jeunes qui débutent leur vie professionnelle, ceux qui poursuivent une activité au-delà de 65 ans ou encore ceux qui exercent une profession de l’information, des arts et des spectacles. Toutefois, la perception de faibles revenus d’activité ne conduit pas nécessairement à une situation de pauvreté monétaire. En effet, les revenus d’un conjoint qui travaille ou la perception de prestations sociales peuvent avoir un effet protecteur. Ainsi, avec ou sans enfant, les indépendants sont beaucoup plus touchés par la pauvreté monétaire lorsqu’ils ne vivent pas en couple.
Premiers concernés : les artistes et les agriculteurs
La moitié des indépendants exerçant une profession de l’information, des arts et du spectacle gagne très peu. Ils ne représente que 3% des indépendants mais ils comptent à la fois la plus forte proportion de personnes gagnant très peu (51 % ont un revenu inférieur à la moitié d’un Smic annuel) et de personnes vivant dans un ménage vivant en dessous du seuil de pauvreté (28 %). Dans cette catégorie socio-professionnelle, ils sont notamment artistes plasticiens, cadres artistiques de l’audiovisuel et des spectacles ou encore auteurs littéraires. Les agriculteurs sont également très nombreux à avoir des revenus d’activité très bas. Parmi eux, 38 % gagnent très peu et 26 % vivent sous le seuil de pauvreté. Quant aux commerçants, ils ont plus souvent de très faibles revenus que les artisans (26 % co être 19 %) mais vivent un peu moins sous le seul de pauvreté.
Les femmes, les jeunes et les plus âgés davantage touchés
Les femmes exerçant leur activité sous le statut d’indépendant perçoivent plus souvent de faibles revenus que les hommes (30 % gagnent moins de la moitié du Smic contre 26 % pour les hommes). Parmi elles, 12 % exercent sous le statut d’aide familiale d’exploitant agricole ou de conjoint collaborateur d’artisan, de commerçant ou de professionnel libéral. En contrepartie de leur collaboration, les aides familiaux ne perçoivent aucune rémunération. La proportion d’hommes et de femmes gagnant très peu et vivant sous le seuil de pauvreté est identique (près de 12 %). Les indépendants les plus jeunes ont plus souvent des revenus d’activité très bas. Plus du tiers des indépendants de moins de 30 ans (35 %) perçoivent de faibles revenus d’activité. Dans cette classe d’âge, ils sont deux fois plus souvent micro-entrepreneurs que l’ensemble des indépendants (48 % contre 24 %). Et le plus souvent artisan (32 %), catégorie qui inclut notamment les livreurs à domicile ou les chauffeurs de VTC.
SOURCES
Les statistiques à la base de cette étude sont tirées des enquêtes Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) de 2018 et 2019. En 2019, l’enquête s’appuie sur un échantillon de 49 500 ménages de France métropolitaine, issu de l’enquête Emploi de l’Insee, sur leurs déclarations fiscales, ainsi que sur les prestations sociales qu’ils ont perçues. Plus de données sur ww.insee.fr.