Le fondateur des caves Nicolas n’est rien moins que l’inventeur, au XIXe siècle, de la vente de vin en bouteille dans des magasins spécialisés ! Xavier Segall, directeur du développement de Nicolas chez Covino, témoigne comment l’esprit d’innovation des débuts s’est perpétué jusqu’à aujourd’hui.
Leader Réunion : Nicolas fête son bicentenaire en 2022. En quoi cette ancienneté a de l’importance à La Réunion ?
Xavier Segall : Deux cents ans ! C’est suffisamment rare d’avoir en France une société qui fête autant d’années d’activité. En tant que master-franchisé Nicolas sur l’océan Indien, cette date anniversaire a évidemment son importance pour nous. Imaginez que 1822, c’est un an après la mort de Napoléon ! Cette maison, qui a su traverser les âges et se réinventer perpétuellement, a été précurseur dans beaucoup de choses. Il faut tout d’abord rappeler que c’est le créateur de l’enseigne « Louis NICOLAS » qui a eu cette idée, révolutionnaire à son époque, de vendre le vin en bouteille ! Un siècle plus tard, Nicolas a aussi été précurseur dans la publicité. La marque se lançait dans la « réclame », comme l’on disait, avec des illustrations et en faisant appel à des artistes contemporains. C’est l’un d’eux, le dessinateur Dransy qui a imaginé le fameux personnage Nectar qui a longtemps symbolisé l’enseigne. Aujourd’hui encore Nicolas se réinvente avec la vente de vin en ligne et avec des magasins au design entièrement repensé. Il est primordial pour nous de célébrer et de perpétuer cette tradition.
Quelle forme va prendre cette célébration à La Réunion ?
Nous profitons de cet anniversaire pour mettre en avant nos magasins, nos cavistes, et remercier nos clients. Nous créons donc des événements par magasin. Nous rencontrons nos clients à travers dix dates afin de leur expliquer l’histoire de Nicolas, en métropole mais aussi sur l’île. Nicolas est installé à La Réunion depuis l’an 2000 : 22 ans. Il nous paraissait important aussi de le rappeler. Les 200 ans de Nicolas seront également fêtés dans les pays où s’étend notre master-franchise, comme Madagascar et Maurice.
Où en est la franchise Nicolas dans la région ?
Elle se porte très bien. À La Réunion, nous avons ouvert notre dixième magasin à Saint-Joseph le 1er juillet dernier. Il existe trois caves Nicolas à Madagascar et deux à Maurice. Une quatrième cave pourrait voir le jour à Madagascar d’ici la fin de l’année…
Avez-vous d’autres projets de développement, à Mayotte par exemple ?
Mayotte, Seychelles, Afrique du Sud… Nous avons de l’ambition et nous ne fermons la porte à aucune zone de l’océan Indien. Nous n’avons pas de projet concret pour l’instant, mais il est clair que nous ne souhaitons pas nous arrêter à notre position actuelle. Nous sommes dans une perspective de développement de la master-franchise. Cela prendra le temps qu’il faudra.
Nicolas rénove ses magasins en métropole : les boutiques réunionnaises vont-elles également changer d’aspect ?
C’est déjà le cas. Nicolas se réinvente également à travers ses points de vente. Suivant le positionnement du magasin, la zone dans laquelle il se trouve, on va trouver des caves Nicolas plus orientées vers le cadeau, d’autres plus traditionnelles. Ce que nous revoyons, c’est le design, le mobilier, les équipements. Un design de magasin se renouvelle tous les sept ans environ. C’est ce que nous sommes en train de faire à La Réunion. Notre projet est de rénover les magasins en place en même temps que nous en ouvrons de nouveau, de manière à conserver à notre réseau son homogénéité.
À l’occasion de ses 200 ans, Nicolas a fait appel à des artistes contemporains pour imaginer qui incarnerait le mieux aujourd’hui Nectar, son personnage autrefois emblématique créé il y a 100 ans. Et le nouveau caviste Nectar de 2022 est une femme ! Est-ce à dire que la clientèle féminine devient dominante sur le marché du vin ?</strong
C’est un symbole fort, effectivement, mais qui néanmoins n’a rien de révolutionnaire. Les femmes consomment du vin autant que les hommes. Chez Nicolas, notre clientèle se répartit à 50/50 entre hommes et femmes. Ce nouveau « Nectar » féminin confirme là encore que Nicolas sait s’adapter, se réinventer, en fonction de l’évolution de la société. C’est une attitude naturelle pour l’enseigne.
Les rosés ont le vent en poupe en métropole. Est-ce le cas aussi à La Réunion ?
Les rosés, qui étaient des petits vins d’été extrêmement saisonniers, sont devenus des vins de belle qualité et de consommation courante, disponibles toute l’année. À La Réunion, il y a encore quelques années, l’offre de rosé n’était pas aussi pléthorique qu’elle l’est aujourd’hui. Le phénomène rosé a vraiment commencé ici, il y a cinq ans. Il y a une exigence de qualité des consommateurs aujourd’hui sur ces vins.
Nicolas propose aussi des vins sans alcool. Y a-t-il une demande croissante pour ces vins ?
Oui, il y a une demande à La Réunion pour les vins et spiritueux sans alcool qui mérite d’être signalée. C’est une tendance que nous constatons chez Nicolas, et nous jouons aussi cette carte-là avec les Sparkling (pétillants) sans alcool d’Afrique du Sud. Nous avons aussi des spiritueux sans alcool type whisky et gin servant à la réalisation de mocktail (cocktail sans alcool). C’est tout à fait nouveau comme produit. Avec les vins et spiritueux sans alcool, Nicolas reste plus que jamais fidèle à son
Propos recueillis par Olivier Soufflet
Photos Pierre Marchal