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jeudi 20 février 2025

L’Observatoire 2025 de l’Association nationale des épiceries solidaires

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Selon le Crédoc, la proportion de ménages touchés par la précarité alimentaire est passée de 12 % à 16 % entre juillet et septembre 2022 *, un bond historique après une hausse de seulement 3 % entre 2016 et 2022. Un niveau d’insécurité alimentaire qui ne semble pas sur le point de décroître. En renouvelant l’Observatoire tous les deux ans, Andès, l’Association nationale des épiceries solidaires, entend suivre de près les évolutions du secteur et anticiper les besoins des populations en situation de précarité alimentaire.

C’est pour mieux comprendre et valoriser le modèle des épiceries solidaires que cette association, qui regroupe près de 620 adhérents, publie l’Observatoire des épiceries solidaires 2025. Résultat d’une enquête menée auprès de 285 structures adhérentes, ce document stratégique de 50 pages met en lumière des données sur leur fonctionnement, leur impact et leur rôle face à la précarité alimentaire et aux difficultés économiques que subissent leurs bénéficiaires. En cinq ans, le nombre d’épiceries solidaires du réseau a augmenté de 40 %, passant de 380 structures en 2019 à 619 en 2024. Cette croissance s’est accompagnée d’une diversification des modèles d’épiceries pour mieux répondre aux attentes spécifiques des publics : les épiceries étudiantes ont été multipliées par 2,5 (de 22 à 54), tandis que le nombre d’épiceries itinérantes et mixtes a triplé, respectivement de 15 à 43 et de 13 à 37. Ce développement reflète également l’engouement des municipalités et des associations pour ce modèle d’aide alimentaire, qui préserve la dignité des bénéficiaires en leur permettant de choisir et de régler leurs courses.

Des contraintes économiques croissantes

Malgré une baisse significative des dons alimentaires et le poids de l’inflation, les épiceries solidaires parviennent à maintenir une offre diversifiée et qualitative : 30 % des produits proposés sont des fruits et légumes frais et 28 % des protéines et produits laitiers. Les épiceries s’inscrivent également dans une dynamique durable : sept sur dix proposent des produits bio et six sur dix s’approvisionnent auprès de producteurs locaux. Cependant, les tensions économiques pèsent sur leur fonctionnement : 66 % des approvisionnements proviennent d’achats, contre 34 % issus de dons. Cette dépendance accrue aux achats est renforcée par une chute de 29 % des dons collectés auprès de la grande distribution entre 2022 et 2023. Dans ce contexte, les six plateformes logistiques d’Andès – et leurs 240 salariés en insertion annuels – contribuent à l’approvisionnement de 42 % des épiceries.

Des bénéficiaires en précarité alimentaire et financière

Les bénéficiaires des épiceries solidaires illustrent une réalité sociale marquée par la précarité. Près de 50 % d’entre eux ont moins de 25 ans, et 37 % sont en emploi, en études ou en formation. Cependant, plus de 75 % des bénéficiaires salariés occupent des contrats précaires (CDD, intérim, contrats aidés). Avec un reste à vivre quotidien moyen compris entre 1,20 € et 10 €, la majorité des bénéficiaires doit faire des choix financiers drastiques. Pour répondre à ces besoins, les épiceries appliquent un taux de participation financière moyen de 20 %, permettant aux bénéficiaires d’acheter leurs produits à une fraction de leur valeur marchande. Quelque 70 % des structures encouragent également leurs clients à affecter les économies réalisées à des projets personnels, comme le règlement de dettes ou l’amélioration durable de leur alimentation.

Un modèle dynamique, mais sous tension

Malgré la demande croissante et les contraintes économiques, les épiceries solidaires restent dynamiques et adaptables. Près de 23 % des structures signalent toutefois une fragilité, liée à la hausse des prix et à la saturation de leurs capacités d’accueil, alors que deux tiers fonctionnent déjà à pleine capacité. Le modèle économique repose principalement sur des subventions publiques, représentant 69 % du budget moyen des épiceries, complétées par 23 % d’autofinancement via les ventes dans l’épicerie et 8 % issus de dons financiers. Les ressources humaines restent un défi : avec 2,4 salariés en moyenne par épicerie et un fort appui sur les bénévoles (17,5 en moyenne par épicerie), les structures peinent de plus en plus à recruter de nouveaux volontaires, notamment dans les territoires enclavés.

* Source : Les difficultés des ménages précaires à suivre les recommandations alimentaires de santé publique (Crédoc, note de synthèse n° 41)

LES TROIS MODÈLES D’ÉPICERIES SOLIDAIRES

  • Les épiceries solidaires étudiantes : ces structures sont principalement gérées par des bénévoles et fonctionnent avec des budgets souvent inférieurs à la moyenne nationale.
  • Les épiceries solidaires mixtes : ces épiceries accueillent à la fois clients bénéficiaires et clients solidaires, renforçant ainsi le lien social et l’inclusion. Elles disposent souvent de budgets supérieurs à la moyenne, ce qui leur permet de développer des projets plus ambitieux.
  • Les épiceries solidaires itinérantes : desservant principalement les populations rurales ou isolées, ces structures mobiles disposent d’un budget généralement plus élevé que la moyenne pour répondre aux contraintes logistiques spécifiques.

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