Ces vagues, ce sont celles d’un marché en évolution constante, ouvert aux nouveautés, porteur de croissance pour les entreprises de pêche et de transformation des produits de la mer, comme nous l’explique Sébastien Camus, Président du groupe Réunimer. Sorti de la tempête Covid, le secteur réunionnais de la pêche se modernise pour mettre le cap vers un nouveau stade de développement.
La Commission européenne vient d’autoriser la France à financer le renouvellement des flottes de pêche dans les départements d’outre-mer. Votre flotte de palangriers a-t-elle besoin d’être renouvelée ?
A ce stade, l’autorisation de la Commission concernant la Réunion ne porte que sur les navires de moins de 12 m, la flotte de Réunimer n’est donc pas concernée par ces subventions. Néanmoins, Réunimer produit déjà un effort de renouvellement en rénovant ses navires, Cap Cloe et Cap Sud. Nous espérons que la France pourra notifier prochainement un régime de défiscalisation qui nous permettrait d’acquérir des navires de nouvelle génération en remplacement de nos palangriers de 13 mètres.
Le groupe Réunimer a prévu d’ouvrir une nouvelle usine de transformation d’ici deux ans. Dans quel but et quelle sera la fonction de ce nouvel outil industriel ?
Le groupe possède deux usines. Réunipêche, usine de première transformation qui débarque environ mille tonnes par an de poisson pélagiques et adresse 50 % du volume à l’export et 50 % sur le marché local. Le Pêcheur Créole, usine de seconde transformation, créatrice de valeur ajoutée : affinage de poisson, skin pack, cuissons de crustacés, rillettes de poisson, fumés en tranches et blocs, etc. L’espace actuel de l’usine de seconde transformation est trop restreint alors que celle-ci voit ses volumes augmenter chaque année. Il est donc nécessaire d’améliorer les conditions de travail des équipes en apportant plus de confort et d’espace pour continuer le développement de la gamme par une R&D soutenue. De 2017 à 2020, l’usine a plus que multiplié par quatre sa production. Il est nécessaire, par la construction d’une nouvelle usine, d’adapter l’espace de travail au fort développement qu’a connu l’entreprise ces dernières années ainsi qu’aux objectifs que nous nous fixons.
Où sera située cette nouvelle usine ?
L’usine Le Pêcheur Créole va déménager et laissera davantage de place à Réunipêche, l’usine de première transformation. Le déménagement se fera dans l’enceinte portuaire de la darse ouest, proche de nos bâtiments. La production pourra s’étaler sur un espace cinq fois plus grand avec, entre autre, l’installation d’une seconde ligne de conditionnement pour barquettes et de nouvelles machines de fumaison, ainsi que le déploiement d’une ligne de charcuterie. Le groupe réfléchit également à développer une gamme de plats cuisinés ainsi qu’un certain nombre de nouveautés. Un espace de stockage est également prévu. Notre objectif est de pouvoir doubler à court terme la production.
S’agit-il aussi de développer l’exportation de produits congelés ?
La grande majorité de notre stock de poissons congelés nous permet de pouvoir anticiper et répondre aux besoins de notre usine de seconde transformation. Nous n’avons pas vocation à développer l’exportation de produits congelés issus de la première transformation, bien au contraire, nous sommes sur une dynamique de développement d’exportation du frais et de produits à forte valeur ajoutée issus de la seconde transformation.
La marque Le Pêcheur a introduit à La Réunion, il y a deux ans, le skin pack sur le marché des produits de pêche frais en GMS. Qu’apporte cet emballage et comment est-il reçu par les consommateurs réunionnais ?
Le skin pack répond à plusieurs problématiques auxquels sont confrontés nos consommateurs avec du poisson traditionnel : un conditionnement simplifié grâce à un packaging complètement hermétique ; la garantie d’avoir un poisson gardant toute sa fraîcheur ; pas de découpe nécessaire, ni d’arêtes et d’écailles. Il s’agit d’un produit qui facilite la consommation du poisson en réduisant au maximum les contraintes pour les personnes réticentes à consommer du poisson, et plus pratique pour les consommateurs. Aujourd’hui nos poissons en skin pack se trouvent dans toutes les enseignes de la grande distribution de l’île avec une demande en progression constante.
Comment le groupe Réunimer a-t-il traversé la tempête Covid, entre confinement et réduction des liaisons aériennes ?
Lors des deux années de crise, 2020 et 2021, la pêche fraîche réunionnaise a fait partie des rares secteurs à pouvoir poursuivre leur activité. Nous avons donc pu maintenir nos bateaux en mer et nos usines ouvertes, malgré un nombre de jours d’arrêt supérieur aux années précédentes à cause des ruptures logistiques. Cependant, pour continuer à vendre sur nos marchés et segments, il a fallu nous adapter très rapidement. Au plus fort de la crise, les vols hebdomadaires sont passés de 28 à 3 pour adresser les mêmes volumes de poisson frais à l’export. S’agissant du marché local, nos ventes de produits sous skin pack ont été multipliées par six. C’est notre capacité à nous adapter et à nous redéployer qui a rendu les choses possibles. Les confinements et couvre-feux ont été fortement impactant pour l’activité CHR du groupe. C’est en l’occurrence la résilience ainsi que la grande capacité du marché à se « réinventer » en proposant de l’emporté et des livraisons, qui a permis de contenir le risque et limiter la casse. Le sourcing des produits de la mer congelés a, quant à lui, relevé le défi des ruptures, des prix des matières premières qui flambent, des coûts d’approche qui ont explosé, des conteneurs vides, etc., par une réactivité forte et une capacité intrinsèque à s’adapter.
Comment se porte le marché des produits de la mer à La Réunion ?
Le marché réunionnais est en constante évolution et s’ouvre continuellement aux nouveautés. Il y a 20 ans, le tartare de poisson cru faisait son apparition, depuis les sushi maki, gravelax, fumaisons, cuits du jour et autres rillettes, sont eux aussi devenus des incontournables. Les produits de la mer connaissent un véritable engouement auprès des consommateurs, ils ont le vent en poupe comme le démontre nos chiffres en croissance constante, autour de 15 % par an.
Le Pêcheur arrive sur le marché de la conserve en lançant un thon à l’huile : ce produit est-il fabriqué localement avec du thon pêché par des bateaux réunionnais ?
Nous nous attachons à faire découvrir de nouvelles manières de consommer notre poisson. En effet, Le Pêcheur Créole a lancé son dernier produit, du thon à l’huile dans un bocal en verre pour continuer d’élargir notre offre produit et conquérir de nouveaux « palets ». Ce produit se décline en huit saveurs et le thon provient de notre pêche. Il s’agit de morceau de thon entier pour une consommation en cru, en apéritif, en salade, avec des pâtes, etc. Il nous semble important de pouvoir introduire de nouveaux produits, de nouvelles façons de consommer les produits de la mer, et surtout de pouvoir proposer des produits à consonances « péi » en lien avec la production locale à laquelle nous portons une attention toute particulière. Le thon à l’huile d’olive marque notre arrivée dans le segment des produits secs, une nouvelle étape pour nous et nous espérons que celle-ci répondra à la volonté des Réunionnais de trouver davantage de produits locaux dans les rayons des grandes surfaces.
Réunimer entreprend une refonte de son site. A quelle fin ?
Nos activités évoluent et, à la suite des nouveaux designs de nos packaging, il nous a semblé nécessaire de revoir de fond en comble notre site. Plus facile d’utilisation, plus moderne, avec plus de contenu et plus de visuels, le nouveau site permet de mieux illustrer nos métiers, de les rendre plus accessibles et proches de nos publics, de créer de l’appétence et suggérer des envies…gustatives. Cette nouvelle version revisitée arrive très prochainement. Nous avons aussi été très actifs sur les réseaux sociaux et avons créé du lien et de la proximité avec les consommateurs.
Le groupe a-t-il une stratégie digitale ?
Nous avons définitivement adopté le digital avec notre page facebook et instagram, et nous voyons notre nombre d’abonnés évoluer régulièrement et chaque année. Nous nous efforçons de pouvoir produire du contenu utile, tel que des recettes, et de renseigner nos clients sur nos produits quand ils nous le demandent via messenger ou notre site internet. Le digital renforce le lien avec nos clients et ouvre le chant d’une nouvelle communication interactive et directe. Nous apprécions particulièrement le dialogue direct avec nos clients consommateurs de nos produits.
Comment résumer la position du Groupe Réunimer aujourd’hui ?
Malgré les perturbations liées aux crises successives que le monde économique connaît depuis plusieurs années à La Réunion, le groupe Réunimer a toujours réussi à s’adapter et à rebondir pour maintenir son niveau de croissance. Comme souvent, “ ce qui ne tue pas renforce “ et Réunimer a su transformer les contraintes en opportunités, principalement sur le marché des produits de type “traiteur de la mer”. L’investissement, générateur d’emploi et de valeur sur le territoire, reste notre priorité pour continuer à faire de Réunimer un groupe unique par son niveau d’intégration dans le secteur des produits de la pêche en Outre-mer.