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dimanche 17 novembre 2024

LES LABELS comme preuves d’engagement

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Nou la Fé pour la production, Écolabel pour l’hôtellerie, Esprit du Parc pour les entreprises partenaires du parc national, RFAR (achats responsables) pour l’aéroport Roland-Garros : quatre exemples de la dynamique des labels que s’approprient les acteurs économiques réunionnais pour informer leurs clients de ce qu’ils sont et font. Pionnière de tout ce mouvement de labellisation réunionnais, Nou la Fé, la marque d’identification de la production locale née en 2009, approfondit l’engagement local demandé à ses attributaires en renouvelant ses conditions d’attribution. Elle le fait savoir par une campagne de communication depuis la mi-mars.

La production réunionnaise, alimentaire et non alimentaire, demeure une industrie d’import-substitution. Se battant contre des produits importés, elle fait vivre directement et indirectement 18 000 personnes. Le rappeler au travers d’une marque collective — Nou la fé — a toujours autant de sens en 2023. Aussi Nou la fé est reparti en campagne depuis le 16 mars pour réaffirmer ses valeurs fondamentales tout en soulignant son évolution. Nou la Fé revendique aujourd’hui le caractère d’un « label territorial » reflétant l’impact des entreprises (environnemental, sociétal, etc.) sur le territoire. « Les entreprises Nou la fé sont dans une démarche qui n’est pas que commerciale, » tient à souligner Ania Van Den Cruys, animatrice de la marque Nou la Fé, qui rappelle que “la marque n’est pas réservée aux producteurs industriels ou aux adhérents de l’ADIR” et qu’elle “prend désormais en compte bien plus de critères que la seule origine réunionnaise du produit.”

Un label du circuit court
En mettant pour la première fois l’accent sur l’offre B to B, la campagne de communication de 2023 de la marque fait aussi apparaître Nou la Fé sous un autre jour : celui d’un label du circuit court réunionnais. Les producteurs non alimentaires représentent aujourd’hui la moitié des attributaires, et l’achat citoyen a autant de sens en B to B qu’en produits de grande consommation. Tel est le message. « Disponibilité des produits, livraison rapide, qualité vérifiable, fabrication en série limitée ou sur mesure, coûts de fret et de stockage supprimés : Nou la Fé exprime tous les avantages du circuit court pour les entreprises », argumente Ania Van Den Cruys. À ce jour, tous secteurs alimentaires et non alimentaires confondus, 116 marques et plus de 5 000 produits sont estampillés Nou la Fé.

Nou la Fé, un label territorial
Annoncé au mois d’octobre dernier, le renforcement des conditions d’attribution de Nou la Fé donne en effet à la marque collective le niveau d’exigence d’un label. L’indicateur de production locale, attesté par le degré d’ouvraison et une valeur ajoutée d’au moins 20 %, reste le socle de l’attribution. Mais l’évaluation du premier Nou la Fé ne suffit plus. Devenus plus nombreux (30 obligatoires et six complémentaires parmi 18 indicateurs proposés), les critères économiques, commerciaux, sociaux, sociétaux, environnementaux, sont désormais contrôlés par un auditeur indépendant. Une indépendance garantie par un « secrétariat de marque » extérieur, confié à un consultant QHSE. Cela signifie que les 50 attributaires, depuis 2009, de la marque doivent repasser l’examen. Les audits de renouvellement ont commencé en ce premier semestre par les 27 premières entreprises ayant reçu Nou la Fé à partir de 2009.

SOIZIC LUCAS, DIRECTRICE DES OPÉRATIONS INDUSTRIELLES ET COMMERCIALES DE PETFOOD RUN

« Le renouvellement qui nous a été accordé porte sur l’ensemble de nos gammes de croquettes pour chiens et chats. Un auditeur externe est venu. Nous avons balisé avec lui l’ensemble des critères de la grille d’audit et échangé sur les pièces justificatives permettant de créditer chacun des points. Des critères supplémentaires doivent être satisfaits et nous avons dû travailler en interne pour nous positionner sur chacun de ces nouveaux critères. »


L’écolabel européen, emblème de l’excellence hôtelière réunionnaise

Un douzième établissement réunionnais, le Blue Margouillat, vient d’obtenir l’écolabel européen. C’est sur l’initiative de l’Ademe que ce label européen appliqué au secteur touristique vient nourrir une image de marque d’excellence de l’hôtellerie réunionnaise, en témoignant de sa démarche d’amélioration continue.

L’écolabel européen est un label écologique officiel créé en 1992 par la Commission européenne pour permettre d’identifier les produits et les services les plus respectueux de l’environnement. En France, l’Ademe est chargée de son animation et l’Afnor de sa certification. L’écolabel a des déclinaisons dans tous les secteurs d’activité. À La Réunion, s’inspirant de l’exemple des deux premiers hôtels qui s’étaient engagés dans la démarche et l’avaient obtenu (le Palm Hôtel & Spa dès 2014, suivi de l’Iloha Seaview), l’Ademe a promu cet écolabel auprès du secteur touristique en collaboration avec l’Île de La Réunion Tourisme. Lancée à l’occasion des 25 ans de l’écolabel en 2017, cette opération de sensibilisation a ciblé avec succès les hôtels trois étoiles et plus. Sept établissements ont répondu à l’appel à projets et six d’entre eux ont obtenu l’écolabel l’année suivante. Six autres hôtels ont rejoint la labellisation, parmi les plus connus et réputés de la place, dont le tout dernier est le Blue Margouillat. Six autres hébergements ont prévu de se lancer, ce qui fera alors clairement de l’écolabel européen le signe de reconnaissance et de ralliement de l’hôtellerie réunionnaise la plus étoilée.

Plus de soixante critères
Pour obtenir l’écolabel, un établissement doit satisfaire plus de soixante critères de conformité. L’épreuve impose, entre autres, la réduction des consommations d’eau et d’électricité, le tri des déchets, la qualité de vie au travail, la prévention des risques professionnels, la formation des personnels aux écogestes, la mise en place de tuteurs environnement, etc. Autant que les réalisations, c’est toute la démarche d’amélioration continue qui est appréciée, jusque dans la conception de l’offre de services et de restauration. Ainsi le recours aux produits locaux et les partenariats avec les associations environnementales locales participent de la démarche. L’écolabel européen donne lieu à un audit de renouvellement tous les deux ans.

L’aiguillon des aides à l’écolabellisation
Le recours à un bureau d’études spécialisé est recommandé pour se mettre au niveau des exigences européennes. Le coût de cet accompagnement est pris en charge par une aide publique à hauteur de 70 %. L’audit de certification, réalisé par Afnor certification, est à la charge de l’entreprise. Pour financer cet audit, l’entreprise peut faire appel au fonds du tourisme durable mis en place par le gouvernement dans le cadre de France Relance. Ce fonds a pour but d’encourager la transition écologique des hébergements touristiques et de restauration.

Frédéric KUHRY

FRÉDÉRIC KUHRY, COFONDATEUR ET GÉRANT DU BLUE MARGOUILLAT

« Nous sommes sensibles depuis dix ans au tourisme durable et à cette dimension écoresponsable de notre activité. Il était légitime pour nous de pouvoir légitimer cet engagement au travers de l’écolabel européen. Beaucoup de choses étaient déjà en place, mais nous avons pu identifier des améliorations possibles sur certains points, grâce à cette démarche de labellisation dont, je tiens à le dire, nous sommes très fiers. »


Esprit parc national,une marque pour les professionnels amoureux de la nature

Créée en 2015, Esprit parc national est une marque commerciale appartenant à l’Office français de la biodiversité sous laquelle peuvent être commercialisés des produits et services dans les régions et territoires des parcs nationaux français. La marque Esprit parc national La Réunion fédère 34 bénéficiaires, principalement guides, agriculteurs et apiculteurs. Jean-Philippe Delorme, directeur du parc national de La Réunion, précise l’objectif et la signification de cette marque.

À qui s’adresse la marque Esprit parc national, à quels types d’activités ?
La marque Esprit parc national concerne les produits et services des acteurs économiques du territoire, qu’ils soient agriculteur, hébergeur, restaurateur, guide de montagne ou encore artisan. Pour délivrer cette marque, nous regardons ce qui, dans le processus de construction d’un produit ou d’un service, contribue à la mise en œuvre des objectifs de la charte du Parc national. Pour citer un exemple, une activité agricole permettant de gérer un espace jusque-là rempli d’espèces envahissantes est encline à être marquée Esprit parc national, parce qu’elle contribue à protéger les fragiles équilibres biologiques du parc. Ce n’est donc pas tant le produit ou le service en lui-même qui nous intéresse, même si nous sommes aussi attentifs à la qualité, que ce qu’il apporte à la préservation du territoire et à la gestion du Parc national.

La marque est-elle accordée sur la base d’un audit ?
Il y a plusieurs audits et cahiers des charges à respecter pour chacune des activités couvertes par la marque : hébergement, services touristiques, productions agricoles. Le premier audit et les audits de renouvellement, qui ont lieu tous les cinq ans, sont réalisés par nos agents. Des contrôles intermédiaires sont également effectués par Ecocert de manière aléatoire.

Que doit faire une entreprise qui souhaiterait candidater à la marque Esprit parc national ?
Notre service d’appui au développement durable s’occupe de l’examen des demandes. L’entreprise doit donc le contacter. De premiers échanges auront lieu pour voir, a priori, si l’activité entre dans le champ de la marque. Si c’est le cas, un dialogue et une démarche s’enclenchent pour mettre l’activité en totale conformité avec la charte et la préparer à l’audit initial.

La marque étant nationale, existe-t-il des critères spécifiques à chaque parc ?
Des critères spécifiques, non. Mais les cahiers des charges sont conçus pour correspondre aux productions propres à un territoire. Je pense, par exemple, à l’agroforesterie. Les cahiers des charges sont adaptés à ce qui peut être intéressant de développer. La politique des parcs nationaux se décline au niveau des territoires qui sont différents les uns des autres.

Le parc national de La Réunion cherche-t-il à développer la marque ?
Pas sur le plan quantitatif. Pour nous, cette marque est un outil pour accompagner des acteurs économiques à aller dans le sens de la protection des équilibres biologiques. Nous sommes dans une démarche bilatérale avec les candidats. Notre but, c’est qu’il y ait un sens derrière chacun des marquages Esprit parc national. C’est ce qui nous importe avant tout.

La marque vise-t-elle aussi à sensibiliser le public ?
Bien sûr. Les consommateurs, en achetant un produit ou un service possédant la marque Esprit parc national, savent qu’ils effectuent un achat responsable qui aide La Réunion à préserver ses espaces naturels et à valoriser ses pratiques culturelles. C’est une forme d’éducation du consommateur.

Benjamin Pausé, agriculteur de Salazie (site de production et de vente Angie & Benji)

« La plupart de nos produits sont labellisés Esprit parc national depuis trois ans. Les gens du parc sont venus voir comment nous travaillions. Leurs critères sont exigeants. Pour moi ce logo, c’est l’image du naturel. Il crée une relation de confiance entre le parc, moi et les consommateurs de mes produits. Je suis d’autant plus fier de le porter sur mes étiquettes que cette manière de travailler la terre, c’était celle de mon père et de mon grand-père. »


Achats responsables : l’aéroport de La Réunion Roland-Garros montre l’exemple

Première entreprise des DOM et deuxième aéroport français à obtenir le label Relations Fournisseurs et Achats Responsables (RFAR) après Aéroports de Paris, l’aéroport de La Réunion Roland Garros fait figure d’exemple, non seulement pour l’ensemble de la communauté aéroportuaire, mais pour les acteurs économiques de l’île qui s’intéressent désormais à la démarche.

Le label Relations Fournisseurs et Achats Responsables évalue la mise en œuvre des 10 engagements de la charte du même nom élaborée par le Conseil National des Achats, association française professionnelle des Acheteurs, avec l’appui du médiateur des entreprises, service placé auprès du Ministre de l’Économie. L’aéroport de La Réunion Roland Garros a reçu ce label en novembre dernier. Ce n’est pas le premier label d’importance dont peut s’enorgueillir la société aéroportuaire : elle possède aussi l’Airport Carbon Accreditation (réduction des émissions de carbone) et la certification ASQ (qualité de l’expérience client). Mais le RFAR focalise l’attention pour une raison évidente : la contribution de l’aéroport à l’économie réunionnaise. Une première étude de son empreinte socio-économique * avait montré, en 2019, que la plateforme aéroportuaire et ses 110 entreprises généraient 4 % du PIB réunionnais et plus de 18 600 emplois directs, indirects et induits, soit 6 % des emplois de La Réunion. Un impact considérable. Cette étude sera renouvelée cette année. « Nous souhaitons, par notre stratégie d’achats responsables, accroître cet impact économique afin que l’aéroport continue d’être une locomotive pour ses fournisseurs et qu’il inspire d’autres donneurs d’ordre réunionnais », déclarent Joël Imaho, Directeur des Achats, et Christian Fouyer, Directeur Administratif et Financier. Pour ces  pilotes de la nouvelle labellisation de l’aéroport, pas de doute : plus les engagements de la RFAR se répandront, plus l’économie locale gagnera en cohérence et en efficacité au profit de tous. L’aéroport constitue désormais le modèle du club RFAR de La Réunion créé par la DEETS ** pour promouvoir la démarche.

Le label RFAR, complément de la stratégie RSE
Qu’est-ce qu’un achat responsable ? « C’est un achat conscient des retombées de la transaction sur les fournisseurs et sur l’environnement. Un achat qui garantit la transparence dans l’utilisation des fonds — des fonds publics dans notre cas — et l’égalité de traitement et d’accès à la commande publique. C’est un achat qui tient compte de son empreinte locale et environnementale. C’est une relation avec les fournisseurs fondée sur l’équité et la confiance avec, en particulier, des conditions de paiement affichées et respectées », répondent Christian Fouyer et Joël Imaho. Délai moyen de paiement de l’aéroport : vingt-quatre jours. « La RFAR fait partie intégrante de la stratégie RSE de l’aéroport. Nous nous sommes lancés dans cette démarche parce que, de par son poids économique, l’aéroport se devait de construire une stratégie d’achat responsables et de la faire connaître publiquement. »

La professionnalisation des achats
La préparation à la labellisation a demandé un an de travail aux équipes de l’aéroport. Objectifs : compléter les procédures d’achat, créer un plan d’action d’achats éthiques, faire évoluer le management de la relation avec les fournisseurs. Ces derniers ont été interrogés sur leur perception de l’aéroport. Toutes les directions de l’aéroport ont été mobilisées. Toute l’organisation de l’aéroport est au diapason des nouvelles règles. « Nous étions matures sur toutes ces questions, mais il fallait formaliser ce qui ne l’était pas. Grâce à de nouveaux outils, nous mesurons l’amélioration de nos pratiques et démontrons notre respect du référentiel », souligne Joël Imaho. Des outils qui ont déjà servi : en février, un premier audit annuel afin de contrôler le respect des engagements pris s’est révélé positif. L’aéroport sera audité tous les ans pour conserver le label RFAR. « Le label est un excellent outil pour professionnaliser les achats », témoigne Joël Imaho.

Des lanceurs d’alerte et un médiateur d’entreprises
Deux exemples du changement intervenu : la procédure de lanceur d’alerte et la nomination d’un médiateur interne pour le règlement amiable des litiges. Un dispositif d’encadrement et de contrôle renforcé a été mis en œuvre afin de réduire davantage les risques de favoritisme ou de prise illégale d’intérêt. Grande nouveauté, la procédure de lanceur d’alerte permet à tout agent de signaler un comportement ou un dysfonctionnement sujet à interrogation dans le traitement des fournisseurs. Le médiateur interne, Frédéric Chabriat, Directeur des Opérations Commerciales et Immobilières, a suivi une formation à la médiation des entreprises à l’Institut de la Gestion Publique et du Développement économique (IGPDE). « Ma légitimité est dans ma neutralité. En effet, je ne suis pas impliqué dans les achats de la société. Dans un cadre confidentiel, la médiation permet de prévenir et/ou régler un différend, restaurer le dialogue et aider les parties à trouver ensemble une solution négociée satisfaisante, réaliste et pérenne. Mon expérience professionnelle, après plus de 21 ans à l’aéroport, m’a beaucoup appris sur les relations humaines. En cas de contentieux, je peux intervenir sur demande avec l’accord des deux parties », explique Frédéric Chabriat, qui n’a pas été sollicité depuis l’obtention du label RFAR.

Concilier achat local et respect de l’environnement
Deux grands chantiers actuels concentrent les engagements RFAR de l’aéroport : la nouvelle aérogare des arrivées et la protection du littoral. L’aéroport est depuis plusieurs années membre de l’association Stratégie bon achat (SBA) qui promeut l’accès des TPE-PME locales à la commande publique. Le chantier de la nouvelle aérogare est l’œuvre à 91 % d’entreprises locales, dont 72 % sont des PME. L’appel d’offres a été décomposé en 18 lots pour permettre aux entreprises locales de se porter candidates. « Nous nous efforçons de promouvoir les fournisseurs locaux dans le respect des lois », souligne Christian Fouyer. L’architecture bioclimatique est la grande caractéristique du bâtiment en construction, où des techniques et des matériaux innovants sont utilisés. Même chose sur le littoral. « Le respect de l’environnement est dans notre ADN. Tous les achats qui le nécessitent sont évalués avec la Direction Développement Durable. Tous nos appels d’offres incluent une clause environnementale. La réduction de la pénibilité et la sécurité du travail guident aussi nos choix », souligne Christian Fouyer en citant, comme exemple, le nouveau système de quai à billes pour le convoyage des palettes du fret aérien dont l’installation interviendra fin 2023.

*L’empreinte socio-économique d’une activité économique sur un territoire évalue la richesse cumulée qu’elle produit et distribue par le biais de ses achats, de la consommation liée à l’emploi direct et indirect qu’elle génère et par le biais de ses impôts et taxes.

** Direction Régionale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités

Plus d’informations sur le site : www.rfar.fr


« J’aime cette notion de commerce engagé »

Bruno du Boisguéheneuc a créé Essentiels Conseils & Stratégies l’année dernière. Plusieurs missions et une formation sur les mentions valorisantes et les normes dans une école professionnelle du Sud témoignent du réel besoin d’informations et d’accompagnement des acteurs locaux sur ce sujet. Bruno du Boisguéheneuc cherche à présent des partenaires pour développer le recensement des labels et pour développer son offre unique et très complète de formation dans ce domaine.

Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet des labels ?
Je travaille avec une base données qui existe depuis longtemps. Dans une précédente société, j’ai eu l’occasion de travailler pour le ministère de l’Outre-Mer sur la mise en place d’un label qui devait s’appeler France Saveur d’Outre-Mer. Ce projet n’a pas abouti, mais j’ai commencé à m’intéresser au sujet des labels et des démarches engagées à partir de là. Cet intérêt s’est prolongé ensuite chez Biocoop, où j’ai travaillé et me suis rendu compte que les producteurs et les fournisseurs ont intérêt à s’appuyer sur de tels outils de valorisation. C’est donc un sujet qui me passionne depuis des années. Je dispose d’une base de données ciblant l’agroalimentaire, le tourisme et les cosmétiques, où je recense plus de 650 démarches engagées. Je me suis bien sûr intéressé aux Régions et territoires d’outre-mer,, à commencer par La Réunion que je connais très bien pour y avoir longtemps vécu. J’essaie de la mettre à jour et je recherche un partenaire désireux de m’aider à développer ce recensement des labels.

Quel est le but de ce recensement ?
Un label est la traduction graphique d’un cahier des charges. L’idée est de m’appuyer sur ces références pour accompagner un producteur, un distributeur, voire un client, dans sa recherche d’une démarche de valorisation. Ilôt Surgelé, que j’accompagne actuellement dans le développement d’une offre de surgelés bio et vegan*, est un bon exemple de ce que je propose. Autre exemple, j’accompagne un petit groupe de producteurs bio de Mayotte souhaitant valoriser leur production. Le label bio est certes une priorité, mais les consommateurs aujourd’hui attendent autre chose. Ils veulent du local, du bon pour la planète, de l’équitable. Nous avons donc travaillé sur un outil de type « score » permettant de communiquer sur plusieurs caractéristiques. Ce projet est en cours de finalisation. Je travaille également pour l’association des producteurs fermiers du Grand Sud sur un projet de déploiement de marque et sur un label de valorisation pour un produit emblématique de la gastronomie réunionnaise. Dernier exemple : j’accompagne Nature et Sens, magasin de cosmétiques de Saint-Leu qui s’oriente vers un concept de commerce engagé. J’aime cette notion de commerce engagé. Et l’idée que chacun puisse consommer selon ses convictions et ses envies grâce aux labels. C’est ce que j’essaie de promouvoir.

Des labels manquent-ils à La Réunion ?
J’en vois plusieurs. J’en cite un : un label valorisant les restaurants réunionnais cuisinant la viande locale serait le bienvenu. Il existe un modèle en la matière, c’est la Guyane qui a créé deux labels sur la viande guyanaise : un label pour les commerces, comme il en existe un ici, et un second label pour les restaurants. Dans un restaurant de Guyane, vous savez si votre plat est préparé avec de la viande locale.

Vous proposez aussi des formations sur les mentions valorisantes. De quoi s’agit-il ?
La formation des consommateurs est un travail de longue haleine. Il y a un grand intérêt des consommateurs pour les labels et, plus largement, pour l’information figurant sur les étiquettes. J’en ai eu la confirmation dans les quelques ateliers tests sur les produits alimentaires que j’ai animés et qui ont très bien fonctionné. Lire une étiquette est plus compliqué qu’on l’imagine. Mais c’est aussi le moyen de choisir en toute connaissance de cause. Pour les distributeurs et les producteurs aussi, il y a un intérêt à maîtriser ces données : une connaissance partagée dans ce domaine représente un plus dans la relation entre acheteurs et fournisseurs. C’est un travail que j’aimerais généraliser. J’ai conçu un programme très précis de modules de formation couvrant tous les aspects de la question. Je suis aussi à la recherche d’un partenaire pour développer cette offre de formation.

* Voir Leader Réunion n° 221, mars 2023.

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