Les conditions actuelles du transport maritime dont la Réunion fait les frais, et qui s’annoncent durable, bloquent depuis des mois l’exportation des déchets réunionnais qui doivent être traités en Métropole ou sont recyclés dans divers pays. Cette situation contraint les filières, et les entreprises, à constituer des stocks de déchets en attendant une solution.
Cent mille tonnes de déchets sont exportées chaque année depuis la Réunion. Vers la Métropole pour le traitement des déchets dangereux. Vers l’Afrique du Sud pour le recyclage du verre, vers la Turquie et l’Inde pour le recyclage des plastiques, etc. Les déchets sont le deuxième poste d’exportation derrière le sucre. C’est dire le problème que pose l’impossibilité actuelle d’exporter ces déchets à cause du coup du fret et du manque de navires. Ce sujet préoccupant a justifié l’organisation d’une table ronde en complément du bilan des filières REP. En présence notamment d’Erika Bareigts, maire de Saint-Denis, ancienne secrétaire d’Etat à l’Egalité réelle et ministre de l’Outre-Mer dans le gouvernement de François Hollande. Erika Bareigts n’a pas manqué de rappeler que, sous son ministère, une aide au fret avait été mise en place, dont l’exportation de déchets aurait parfaitement pu bénéficier. Mais cette aide, la Réunion ne l’a jamais mise en œuvre, à l’inverse des Antilles.
Des solutions provisoires à l’étude
La question de l’immobilisation des déchets pose celle plus stratégique de l’autonomie maritime de l’île. Comment conférer à la Réunion une certaine latitude en matière de transport maritime ? En affrétant des navires ? En créant une compagnie maritime régionale ? La Région Réunion dit se pencher actuellement sur la question. En attendant, les filières sont contraintes de conserver leurs déchets. Leurs stocks sont tels que plusieurs d’entre elles ont annoncé qu’elles cessaient leurs collectes et demandaient aux entreprises de stocker elles-mêmes leurs déchets en attendant qu’une solution soit trouvée. Or ces stocks, en s’accumulant, ne vont pas sans poser un autre problème : celui de la responsabilité juridique du producteur de déchets en cas de pollution, tout particulièrement en ce qui concerne les déchets dangereux. D’où le besoin de trouver des solutions provisoires. La proposition d’une ou plusieurs zones surveillées de stockage temporaires semble la plus réaliste à brève échéance.