La filière Bœuf Pays a profité du Salon Lokal, début septembre, pour mettre le métier de boucher en valeur. Le premier concours du meilleur boucher de La Réunion s’est déroulé sous le regard de Romain Leboeuf, élu meilleur ouvrier de France en boucherie en 2015. Retour sur cet événement qui témoigne de la ferme volonté de la filière bovine d’aller de l’avant.
Dans le cadre de son projet A.V.E.N.I.R., la filière bovine réunionnaise s’est, avec l’ensemble des acteurs interprofessionnels, à nouveau engagée au début de 2023 dans le combat de la souveraineté alimentaire de notre île et dans le renforcement de la qualité et de la durabilité de sa production. La production Bœuf Pays – 1 233 tonnes en 2022 – représente 43 % de la viande de bœuf fraîche consommée à La Réunion. Le bœuf péi est valorisé intégralement dans l’île afin de proposer une viande locale de qualité. Cette année, la filière a mis l’accent en particulier sur la proximité entre les éleveurs et les bouchers. Le métier de boucher est en effet ancré au sein de la filière locale et du territoire. C’est un métier qui exige de la polyvalence, de la minutie et beaucoup de passion. Le travail de l’éleveur qui élève patiemment sa bête jusqu’au stade optimal n’aurait aucune finalité sans un boucher qualifié pour réaliser la découpe appropriée et conseiller au mieux les consommateurs. Réciproquement, le talent du boucher ne peut prendre effet que sur un animal élevé avec soin. On savoure toujours différemment un plat dont on connaît l’origine. Le lien entre l’éleveur, le boucher et le consommateur apparaît donc plus important que jamais.
Un secteur d’activité qui recrute
Pour Olivier Robert, président de la Sica Revia, la coopérative des éleveurs de Bœuf Pays, « les bouchers sont nos meilleurs ambassadeurs, ils sont passionnés et engagés aux côtés des éleveurs de Bœuf Pays. Ils font un travail rigoureux et nous sommes fiers de pouvoir travailler main dans la main avec eux sur des actions de qualité au profit de nos consommateurs ». Le concours de bouchers organisé lors du Salon Lokal était le premier du genre à La Réunion. Avec cette épreuve, la filière a souhaité mettre en avant un métier qui mérite de retrouver ses lettres de noblesse et amorcer une dynamique d’excellence chez les bouchers de l’île. À La Réunion, tout comme en métropole, les postes à pourvoir en boucherie sont de plus en plus nombreux, que ce soit au sein des rayons traditionnels de la grande distribution, en boucherie indépendante ou au sein des outils industriels.
Des produits de qualité et des professionnels engagés
Ce sont en fait quatre concours qui se sont tenus tout au long du Salon Lokal : deux concours destinés aux élèves apprentis de la boucherie ; un, aux apprenants en CAP boucher et le quatrième, aux élèves apprentis de brevet professionnel de boucher. Ils se sont conclus par une démonstration de découpe et présentation d’un rayon par les gagnants des concours avec Romain Leboeuf. Les quatre lauréats sont Laurent Furic, Dimitri Polladou, Alexandre Azagamel et Anthony Velihama. « La boucherie, pour moi, c’est une affaire de famille, et je suis fier de représenter cette belle profession qui demande un savoir-faire pour valoriser des produits nobles. À La Réunion, vous n’avez pas à rougir de la qualité de vos produits et vous pouvez faire confiance à vos professionnels engagés », a plaidé Romain Leboeuf à la fin de l’épreuve.
La filière bovine en ordre de bataille
Profitant d’un marché plutôt porteur pour la production locale, la filière bovine réunionnaise, rassemblée au sein de son interprofession ARIBEV (Association réunionnaise interprofessionnelle du bétail, de la viande et des produits laitiers), a réévalué ses objectifs de production à l’horizon 2030.
Les éleveurs, avec leur groupement de producteurs Sica Revia, les distributeurs et les artisans bouchers se sont donné pour but d’augmenter la production de plus de 800 tonnes et de renforcer la qualité de leurs produits. Sur le marché, cette volonté se traduira par une segmentation des produits mieux visible et par une certification officielle de qualité à l’horizon 2030. Les éleveurs s’engagent sur des pratiques agroécologiques, avec en particulier un objectif de certification Haute Valeur Environnementale (HVE) pour les exploitations des Hauts. Indispensable pour valoriser ce travail mené collectivement, la proximité entre éleveurs et bouchers est considérée comme un axe important du plan de développement. La filière s’est dotée d’une charte spécifique, il y a plus de dix ans, qui prévoit à la fois la bonne visibilité des produits Bœuf Pays dans les rayons et des rencontres régulières entre les éleveurs et les bouchers, spécialement lors de visites en élevage. En 2023, la filière a mis l’accent sur le métier des bouchers réunionnais, ses partenaires, entre autres pendant le Salon Lokal. À ce jour, 358 éleveurs adhèrent à la Sica Revia, groupement en charge de la commercialisation de la viande et du développement durable des élevages réunionnais, et 405 emplois directs dépendent de la filière.
LE DÉFI RESPONSABLE
Le signe de reconnaissance DÉFI est connu pour signaler en rayon les produits locaux bénéficiant d’une aide publique permettant d’en diminuer le prix public pour soutenir les filières de l’élevage. Dans le cadre d’une stratégie globale, DÉFI responsable est mis en œuvre depuis 2018 et jusqu’en 2025 pour promouvoir les pratiques agroécologiques dans les élevages (engagement certifié par le label HVE), tout en continuant à soutenir un rapport qualité-prix avantageux des produits. DÉFI responsable a pour autre objectif de gagner de nouveaux débouchés à la viande péi dans le secteur CHR et dans les marchés publics de restauration collective.
