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jeudi 21 novembre 2024

Le groupe mauricien IBL prépare la reprise de Run Market

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L’enseigne Run Market est sur le point de tomber dans l’escarcelle du groupe mauricien IBL. Un sauvetage accueilli avec soulagement par les salariés, mais l’arrivée d’un acteur étranger dans la grande distribution réunionnaise soulève des inquiétudes.

Une rumeur insistante a été confirmée mi-octobre : le conglomérat mauricien IBL est entré en négociation exclusive avec les actionnaires de Make Distribution en vue de la reprise des quatre hypermarchés sous enseigne Run Market depuis 2020. En grande difficulté depuis un an, la société constituée à l’initiative de la Société Adrien Bellier avait conclu en juin dernier un accord de conciliation avec ses créanciers. Une « revue stratégique » avait également été lancée, avec des « résultats attendus pour le mois de novembre ».

Une échéance encore trop lointaine, vu l’urgence de la situation. En septembre, plusieurs pistes avaient été évoquées pour la reprise des hypermarchés du Chaudron, de Duparc, de Saint-André et de Savanna. C’est avec le groupe IBL, poids lourd de l’économie mauricienne, propriétaire de la chaîne Winners dans l’île sœur, d’Edena et de l’hôtel Lux à La Réunion, que SAB a choisi d’entrer en discussion. De nombreuses questions restent en suspens, à commencer par l’issue judiciaire du dossier. Dans quelle mesure les dettes sociales et fiscales seront-elles effacées ? Quelle sera la teneur de la restructuration qui sera mise en œuvre ? L’enseigne Run Market sera-t-elle conservée ? Le groupe IBL cherchera-t-il une alliance avec un grand groupe français autre qu’Intermarché ? La qualité de l’offre future des quatre hypermarchés déterminera le succès ou l’échec de l’opération de reprise. Elle devra être concurrentielle avec celle des magasins présents dans leur zone de chalandise respective : c’est le plus grand défi que doit relever le repreneur.

Réactions méfiantes
Si la solidité du groupe mauricien rassure les salariés de Run Market, qui ont exprimé leur préférence pour la reprise des magasins par IBL, d’autres voix moins favorables se sont élevées. À commencer par celle d’Huguette Bello, qui avait réagi sèchement à l’annonce de la candidature mauricienne le 6 octobre lors de l’assemblée générale de l’Adir. La présidente de Région a maintenu sa position une semaine plus tard, après l’ouverture des négociations entre Make Distribution et IBL. « Si le groupe mauricien IBL était retenu pour la reprise de Run Market (…), il est bien évident que les décisions prises ne se feraient pas en fonction des intérêts de La Réunion », déclarait-elle dans un communiqué. L’Adir espère pour sa part que la partie mauricienne enverra rapidement des signaux favorables au maintien de l’enseigne dans les dispositifs historiques de soutien à la production locale, qui pour l’instant ont survécu à tous les mouvements capitalistiques au sein de la grande distribution réunionnaise.

LE DUOPOLE CARREFOUR-LECLERC INQUIÈTE L’OPMR
L’Observatoire des prix, des marges et des revenus a rendu public le 17 octobre le rapport définitif du cabinet Bolonyocte de Christophe Girardier sur l’état des lieux de la concurrence au sein de la grande distribution alimentaire réunionnaise. Le rapport intermédiaire dévoilé en août avait fait grand bruit en prédisant la disparition inéluctable de Run Market. Le rapport final insiste sur le duopole qui s’est constitué avec la montée en puissance des enseignes Carrefour et Leclerc, tout en soulignant le poids grandissant du Groupe Bernard Hayot dans l’économie locale. Selon Christophe Girardier, la première détient aujourd’hui 37 % de parts de marché, la seconde 29 %. Les magasins U, en troisième position, viennent loin derrière (15 %). Même si ces chiffres sont contestés par les deux principaux intéressés, l’OPMR fait, sur cette base, une proposition visant à limiter la concentration dans la grande distribution, et au-delà dans l’économie réunionnaise. Selon l’Observatoire, seule une loi « limitant pour les Dom insulaires l’emprise des acteurs à 25 % et interdisant la présence d’un même acteur en amont et  aval d’un marché » serait susceptible d’enrayer cette spirale.

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