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dimanche 17 novembre 2024

Le futur passeport numérique des produits textiles

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L’industrie textile, quatrième secteur le plus polluant, est au cœur de la lutte contre le changement climatique. Pour enrayer son impact environnemental, la Commission européenne déploie de nouvelles réglementations en faveur d’une industrie circulaire et durable. L’instauration du passeport numérique des produits constitue l’un des outils clés de la politique environnementale européenne. Explication et commentaire de Helene Behrenfeldt, industry strategy director fashion chez Infor, leader mondial du marché des logiciels sectoriels cloud d’entreprise.

Pour les marques de vêtements et de chaussures, les fabricants et les détaillants de marques privées, l’arrivée du digital product passport (DPP) s’annonce comme un défi majeur. Chaque produit et chaque textile fabriqué en Europe devront faire l’objet d’une fiche d’informations numérique. D’ici son déploiement obligatoire, prévu dès 2027, l’enjeu est de taille : mettre en place les cadres de gouvernance adéquats, ainsi que les systèmes, processus et technologies nécessaires pour s’adapter à cette nouvelle donne. L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde. Selon la Commission européenne, l’UE génère chaque année 12,6 millions de tonnes de déchets textiles, soit l’équivalent de 12 kg de déchets par habitant et par an. Un cinquième seulement (22 %) de ces déchets textiles est collecté et trié en vue d’être réutilisé ou recyclé. La majeure partie est incinérée ou envoyée à la décharge. L’UE souhaite que les acteurs de l’industrie textile, à l’instar des fabricants d’équipements électroniques et de batteries, mettent en place une carte d’identité numérique de chaque produit textile pour améliorer la traçabilité et la transparence de la supply chain. Ces passeports numériques permettront également aux consommateurs d’accéder aux informations dont ils ont besoin pour des décisions d’achat mieux documentées et plus respectueuses de l’environnement. Cette réglementation concernera également les marques non européennes mais commercialisant leurs produits sur le marché européen.

Fonctionnement du passeport numérique des produits

Le système DPP est encore en cours de développement, mais il devrait s’appuyer sur une combinaison de technologies telles que des QR Codes pouvant être scannés, des étiquettes RFID et la blockchain, afin de créer une identité numérique unique et sécurisée pour chaque produit. Les consommateurs pourront scanner le QR Code ou l’étiquette RFID, apposé sur le produit, pour obtenir des informations détaillées sur l’ensemble du cycle de vie du produit concerné : origine des matériaux, options de recyclage, pays de fabrication du produit… La technologie blockchain permettra quant à elle de recueillir ces données du cycle de vie de manière sûre, économique et inviolable, en s’appuyant sur la technologie des registres distribués (DLT). Toutefois, les passeports numériques seront-ils harmonisés d’un pays à l’autre ? Il s’agit d’un enjeu crucial pour les entreprises multinationales, dont les sites et les fournisseurs sont répartis dans le monde entier. Pour les industriels du secteur de la mode, des investissements importants seront nécessaires, et ce, à tous les niveaux de la chaîne de valeur, y compris pour la formation des salariés et l’acquisition de nouveaux systèmes informatiques.

Les fondements technologiques

Pour répondre aux exigences du DPP, les entreprises devront mettre en place un système robuste capable de rationaliser et de standardiser la collecte des données provenant de sources multiples et décentralisées. Ce système devra extraire les informations pertinentes et les structurer dans un format compatible avec le passeport DPP. En premier lieu, ce système devra recueillir les certificats attestant de la conformité des matériaux et des articles concernés tout au long de leur supply chain : par exemple, l’origine du coton utilisé pour une chemise, la manière et l’endroit où il a été filé et teint, son parcours depuis la production jusqu’au stockage et, enfin, son point de vente physique ou virtuel. Le système devra également capturer divers aspects opérationnels, tels que les volumes de production et d’achat, ainsi que les stocks dormants. L’objectif est de créer une source unique d’informations fiables couvrant tous les aspects pertinents pour le DPP.

La solution des plateformes cloud

Les plateformes cloud constituent une solution fiable pour répondre à ces enjeux. Elles offrent une flexibilité optimale dans la gestion et la synchronisation des données entre plusieurs systèmes, permettant des mises à jour régulières en fonction de l’évolution des exigences réglementaires. Pour les entreprises qui utilisent des systèmes distincts pour la production et la gestion, l’interconnexion de ces systèmes sera essentielle pour garantir une circulation fluide des données, en permettant d’extraire des informations détaillées sur la composition des matériaux, atteignant un niveau de granularité maximal au niveau des fournisseurs et sous-traitants. L’intégration avec des plateformes spécialisées dans l’analyse et la validation des données environnementales s’avère également très utile. Les systèmes d’analyse des données les plus récents, intégrant notamment la technologie data lakehouse, offrent aux entreprises des fonctionnalités inédites. Ces outils permettent aux experts non techniciens d’extraire des informations pertinentes à partir de volumes considérables de données non structurées, sans avoir au préalable à les organiser ou à les structurer. Dans le cadre des passeports numériques des produits, ils fournissent les fonctionnalités requises pour assurer le reporting et la conformité en matière environnementale.

Une avancée décisive

Loin de se limiter à des contraintes administratives, l’instauration des passeports numériques des produits DPP ouvre des perspectives pour l’industrie textile et de la mode. Les différents acteurs et parties prenantes qui choisiront d’embraser cette évolution de manière proactive pourront récolter de nombreux bénéfices tangibles. Sur le plan commercial, l’adoption des DPP favorisera une confiance accrue des consommateurs envers les marques, renforçant ainsi leur réputation. Les entreprises bénéficieront d’une meilleure connaissance de leurs clients. Cette transparence accrue permettra également de mieux développer de nouveaux modèles économiques basés sur les principes de l’économie circulaire. Les entreprises qui parviendront à trouver un équilibre entre minimisation de l’impact environnemental et excellence opérationnelle seront largement récompensées par des gains commerciaux substantiels.

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