En réunissant 110 exposants pour sa première édition, le salon Lokal, organisé par Le Quotidien et l’ADIR les 8, 9 et 10 septembre, a tenu ses promesses en témoignant du niveau atteint aujourd’hui par la production locale, et de sa diversité. Une découverte pour beaucoup : cela faisait vingt-quatre ans que l’industrie locale ne s’était pas affichée collectivement.
Un salon de proximité à vocation pédagogique, à la fois populaire et professionnel. On doit au Quotidien l’initiative de cette remise en lumière de la production locale, la première depuis les salons de l’ADIR de la fin des années 1990. Partenaires de l’opération de 2023 : l’ADIR, l’URCOOPA, la CINOR, le Territoire de l’ouest de La Réunion, la Région Réunion et la CCIR. En dehors du marché forain agricole qui se tenait à l’extérieur, le but des principales entreprises exposantes n’était pas de vendre, mais de montrer ce qu’elles font de renseigner sur leur capacité. Les marques réunionnaises alimentaires de produits de grande consommation, qui constituent aujourd’hui un patrimoine industriel de La Réunion, étaient les plus connues. Mais il faut souligner la place accordée au secteur du bâtiment et de l’habitat par le salon. Les stands de la marque ombrelle Nou la Fé, créée en 2009, donnaient le ton dès l’entrée en n’exposant pas seulement les marques alimentaires. On notait aussi la forte présence des interprofessions du secteur de la viande : ARIBEV et ARIV, avec un stand de la marque DEFI très fréquenté et le concours du meilleur boucher qui a été un temps fort de ces trois journées. Nouveautés du salon 2023 : l’importance prise par le secteur environnemental, et la présence d’artisans des cosmétiques réunionnais, secteur de production locale encore embryonnaire, mais prometteur. La RSE et la formation, en lien avec la production et le monde de l’entreprise, complétaient le plateau d’exposants. Le Cluster Green* a profité de l’événement pour remettre à la Semittel son label Efficience, et il a été question du « juste emballage » avec la société Bourbon Packaging, à la pointe dans cette démarche écoresponsable. La chambre de commerce et d’industrie et la chambre de métiers et de l’artisanat, ainsi que des opérateurs privés, informaient de leurs offres de formation et de services, à l’image de la Cité du goût et des saveurs, autre indicateur du niveau de développement actuel de la production locale. À noter qu’un job dating s’est tenu dans le cadre du salon.
« Nos produits sont nos emplois »
Le programme des conférences et des master class a drainé un public plus professionnel, mais pas nécessairement plus au fait du chemin parcouru par la production locale et des défis relevés par ses entreprises depuis leur naissance. Vu, en dehors du public scolaire, l’âge moyen et des visiteurs et des exposants, à savoir la trentaine, il aurait été intéressant d’avoir un stand sur l’histoire de l’industrie locale. C’est au même endroit, dans le grand hall de la Nordev à Saint-Denis, que l’ADIR avait organisé en 1997 et 1999 deux salons de l’industrie restés dans les annales. Le premier is’intitulait : « La Réunion industrielle s’expose. » « Nos produits sont nos emplois. Si nous voulons créer davantage d’emplois, nous nous devons de susciter la consommation de produits pays », déclarait à l’époque Maurice Cérisola, président de l’ADIR et grande figure de l’industrie locale. Un quart de siècle plus tard, le président actuel de l’ADIR, Patrick Dijoux, a en substance répété la même chose le 8 septembre dernier dans son discours inaugural. Preuve que l’équation de la production locale liée à l’insularité et à l’éloignement n’a pas, elle, fondamentalement changé.
* Lire aussi notre entretien avec Philippe-Alexandre Rebboah, président du SICR et du Cluster Green, en page 20.