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samedi 21 décembre 2024

La génération IA, experte d’une intelligence qui pense à sa place ?

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Glory Paris est une agence de communication Advertising & Social Media fondée par Hugues Pinguet et Arnaud le Bacquer. Élue agence iconoclaste de l’année 2022, Glory Paris s’est régulièrement distinguée, depuis sa naissance, pour son audace créative et sa capacité à créer un haut niveau de compréhension pour ses clients. Dans ce texte, Arnaud le Bacquer donne son opinion sur ce que représente l’IA pour la génération Z la première à maîtriser autant le langage numérique que sa langue maternelle.

Nous sommes aujourd’hui les témoins d’une époque où l’humain est en totale coévolution avec la technologie, et notamment l’IA, qui révolutionne et ne cessera de révolutionner chaque aspect de nos vies. Là émerge une génération ultraconnectée, la Gén Z, qui embrasse pleinement cette ère et pour qui la langue du numérique est tout aussi naturelle que sa langue maternelle. Au regard de tout ce que l’IA a à offrir, les questions d’un syndrome de flemme chronique et d’un abêtissement des jeunes subsistent. Si leurs parents peinaient autrefois à accéder à l’information, la difficulté de la recherche créait néanmoins des occasions de découvertes fortuites. On cherchait une information, on en trouvait une autre, et on nourrissait une culture par principe de sérendipité. Aujourd’hui, la Gén Z navigue dans un océan d’informations instantanées et quasi infinies. Tout est à la portée d’un clic, et même d’une commande vocale ultrasimplifiée.Vu sous cet angle, nous pourrions saisir la carte facile du passéisme en annonçant la fin de l’esprit curieux et vagabond d’antan, au profit d’une génération fainéante, dépendante et impatiente. Et nous ne serions pas les premiers à le faire !

La Gén Z, une génération flemmarde ?
Déjà en 2011, le journal Le Monde s’inquiétait du devenir d’une société portée par une jeunesse paresseuse (53 % des Français le pensaient, dont 65 % des moins de 30 ans), égoïste (63 % des Français le pensaient, dont 70 % des moins de 30 ans) et pas engagée (64 % des Français le pensaient). Que de rengaines finalement ! Inventeurs d’un terme dont ils sont accablés, ces jeunes sont affublés de stéréotypes en tout genre avec en porte-drapeau celui de la flemme. Depuis que la Gen Z est arrivée sur le marché de l’emploi, on ne compte plus le nombre d’articles qui fleurissent sur la toile au sujet de cette génération flemmarde qui bouscule les codes du travail. Si cette jeunesse déstabilise tant ses employeurs et collègues des générations précédentes, c’est pour deux raisons majeures. La première se trouve dans la relation qu’elle entretient avec le travail : on ne vit pas pour travailler, mais on travaille pour vivre. Aujourd’hui, la Gen Z veut choisir l’emploi le plus en accord avec ses valeurs et dans lequel elle s’épanouira vraiment. En cela, elle est en train d’engranger un renversement du rapport de force employeurs-employé. La seconde raison réside dans ses méthodes de recherche et d’apprentissage. Les « nouvelles technologies » n’ont jamais été nouvelles pour la Gen Z ; elles sont des acquis. C’est pourquoi il a toujours été naturel pour cette génération d’aller chercher l’information sur Internet, et notamment de visionner des tutoriels ou, à présent, de demander directement à une IA.Choisir d’écouter les paroles d’un ordinateur ou d’un potentiel amateur, plutôt que de chercher sur des sites vérifiés ou dans les vieux grimoires, voilà où pourrait résider ce jugement sévère de flemme porté sur la Gen Z.

L’IA, miroir de l’être humain
Pourtant, Jean d’Ormesson le disait : « La paresse, merveilleux ! » Il y a du bon dans la flemme ; elle est d’ailleurs ce qui nous pousse à être créatifs et innovants pour nous rendre la vie plus facile. Génération inspirante, la Gen Z a même réussi ce tour de force de nous faire questionner le côté néfaste de la flemme pour en voir, derrière, un générateur de réflexion et d’inventivité. En réalité, ce qui pourrait faire défaut à la Gen Z serait le manque de prise de recul et d’esprit critique vis-à-vis de l’IA. Dans un premier temps, il faut garder en tête que l’IA est une création de l’homme et en est même son miroir. Parce qu’elle se nourrit de ce que nous voulons bien lui partager, l’IA n’est qu’un agrégat de connaissances humaines. Alors si la parole humaine n’est pas toujours vraie, celle de l’IA l’est encore moins. Pour exemple, la campagne Heetch « Greeting from la banlieue » exploite l’IA comme le reflet d’un imaginaire commun, mais erroné, de la banlieue. Elle doit ainsi être discutée et exploitée avec précaution, en étant mise au regard de ce qu’elle connaît déjà.

L’IA, source de pensée unique ?
Dans un second temps, l’IA est conçue pour personnaliser ses réponses selon nos préférences passées. Cela signifie qu’à terme nous échangerons avec cette technologie des informations et des opinions qui ne feront que confirmer nos croyances existantes, créant ainsi des bulles de filtrage. En n’étant jamais exposé à des idées nouvelles, il est facile de tomber dans le gouffre de la pensée étroite dont on ne peut sortir sans la confrontation des points de vue. En cela se pose la question du futur des compétences sociales de la Gen Z. Enfin, les digital natives, pour qui l’IA est devenue un outil familier, l’utilisent de diverses manières, la plus étonnante étant l’aide à la prise de décision (52 %). Se profilerait-il alors une société tentée d’éviter les prises de risque ou les choix fondés sur l’intuition ? Dans notre domaine, cela interroge l’avenir des marques et des agences de publicité et leur capacité à proposer des produits, des services et des messages innovants. Car si l’IA concatène les pensées de tous, il se pourrait que nous ayons tous la même pensée dictée par l’IA. Après tout, l’IA n’est pas si dangereuse pour la génération Z, c’est le manque de pédagogie autour de cet outil qui l’est. Le risque ne réside pas tant dans l’IA, mais dans notre comportement vis-à-vis de son usage. Enfin, si la réponse à la question de l’avenir intellectuel de la Gen Z n’est pas encore là, elle ouvre d’autres champs d’interrogation, notamment sur les inégalités intellectuelles entre ceux qui utiliseront et ceux qui n’utiliseront pas l’IA.

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