L’Interprofession française des légumes en conserve et surgelés – UNILET – tire elle aussi le signal d’alarme devant la hausse des coûts et demande la revalorisation des prix d’achat de la part des distributeurs. Une condition sine qua non, d’après elle, pour assurer l’avenir de cette filière et lui permettre de contribuer à la souveraineté alimentaire en proposant des produits sains et de qualité.
Les professionnels rappellent qu’ils se sont collectivement engagés dans la montée en gamme de leurs produits, le développement de l’offre origine France et l’orientation des cultures vers l’agroécologie, tout en affrontant les conséquences grandissantes du dérèglement climatique et une fragilisation sans précédent de leurs cultures. La filière continue d’investir pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, développer le bio, gérer les ressources hydriques. Cette nouvelle donne agroécologique nécessite davantage de main-d’œuvre, de surfaces et de matériels, mais entraîne aussi des rendements moins réguliers. A cela s’ajoute une fragilisation grandissante des cultures, en lien avec la réduction des solutions de protection disponibles. Sans compter les aléas climatiques. L’an passé, la campagne a été particulièrement difficile en raison de la sécheresse ou à l’inverse des fortes pluies, selon les bassins, avec des volumes récoltés nettement en deçà des prévisions (-12 % pour les flageolets, – 11 % pour les haricots) et de fortes baisses de rendements agricoles moyens (-12 % pour les cultures de pois, -13 % pour les épinards).
Une contraction de la marge de manœuvre pour les opérateurs
La marge de manœuvre pour les opérateurs se réduit avec des hausses de coûts qui touchent aussi bien les agriculteurs que les transformateurs, sans pour autant être répercutées dans les prix. Pour ne rien arranger, on assiste depuis 2015 à une déconstruction de la valeur au sein de la filière, avec des prix de vente sortie industrie qui n’ont même pas permis d’intégrer l’évolution de l’inflation sur la période (+ 4,2 % en 2020 vs 2015), amenant ainsi une baisse relative des prix de 5,8 % pour les légumes en conserve et de 3,3 % pour les légumes surgelés. Aujourd’hui, la pérennité économique de la filière est conditionnée à l’intégration dans les prix d’achat des investissements et des hausses consentis par les agriculteurs et les transformateurs.
L’ambition de la filière : le partenariat du producteur au consommateur
Pour l’UNILET, la contractualisation est le socle du partenariat producteur/transformateur qui permet de répondre à la demande du marché avec des produits de qualité, tout en permettant aux agriculteurs d’anticiper leurs prix de vente dans la collaboration avec les entreprises. « L’ensemble des défis auxquels la filière est confrontée ne pourra être relevé qu’à condition de créer et répartir équitablement la valeur, à travers une juste rémunération de tous les maillons. Pour réussir, la véritable valeur des produits issus de la filière française doit être prise en compte par la grande distribution ainsi que par les consommateurs » affirme l’interprofession pour laquelle « la filière est ainsi convaincue qu’il faut sortir du système actuel, qui, à long terme, ne permettra pas de soutenir les transitions environnementales attendues ni la pérennité d’une production et d’une transformation d’origine France : plusieurs productions laissent déjà apparaître un désintérêt croissant des producteurs (épinards, pois…). L’accessibilité aux légumes transformés français ne peut se faire au détriment de la qualité, ni pénaliser économiquement les opérateurs de la filière. »
LES FRANÇAIS ET LES LÉGUMES TRANSFORMÉS
Les consommateurs ont largement prouvé leur intérêt pour les légumes en conserve et surgelés : après une consommation record enregistrée en 2020, le premier trimestre 2021 a confirmé leur plébiscite pour ces produits. Leurs niveaux de consommation ont été supérieurs à la période d’avant-crise de 2019, avec des achats de légumes surgelés en progression de + 9,4 % en volume en magasins et de +1 % pour les légumes en conserve. Parallèlement, le critère de l’origine des produits sort renforcé de la crise Covid. D’après une enquête Kantar, il est passé de septième critère d’achat début 2020 à quatrième après le premier confinement. Huit Français sur dix disent que la présence du label « Fruits et Légumes de France » incite à l’achat. La filière des légumes transformés représente un tiers des surfaces de légumes cultivés en France, 4 500 producteurs et 23 sites de production de légumes en conserve et surgelés.