Alors qu’ils n’ont jamais obtenu autant d’informations sur les produits qu’ils achètent, les consommateurs se montrent de plus en plus perplexes, voire méfiants, vis-à-vis de cet effort de transparence. La commission des affaires économiques du Sénat formule plusieurs recommandations.
Un rapport de la commission des affaires économiques du Sénat, publié le 29 juin, a mis en lumière le problème de lisibilité et de fiabilité des informations, notamment facultatives (labels, valuable mentions, allégations, etc.) figurant sur les produits. « Les moyens publics dédiés au contrôle sont en chute libre », estime le rapport du Sénat, bien que les informations à contrôler soient de plus en plus nombreuses (affichage environnemental, indice de durabilité, informations facultatives dématérialisées dans les QR code, etc.).
« Dans ce contexte, des affichages simplifiés sont particulièrement pertinents, comme le Nutri-Score », jugent les auteurs du rapport qui appellent à en anticiper la généralisation au niveau européen en 2023. De même les applications de notation : les auteurs insistent sur la nécessité de rendre leur fonctionnement plus transparent. En définitive, le rapport sénatorial préconise une dizaine de bonnes pratiques pour encadrer ces applications et favoriser leur développement. Le rapport propose également que les pouvoirs publics les certifient, afin d’attester de la pertinence des critères d’évaluation au regard de la science, et de la fiabilité des bases de données utilisées.
Pour une information fiable et harmonisée
Le rapport préconise également un encadrement renforcé de certaines allégations et pratiques commerciales trompeuses, ainsi qu’un renforcement des moyens de la DGCCRF et des associations de consommateurs. Il rappelle néanmoins que la politique de protection des consommateurs passe avant tout par l’éducation. Pour Sophie Primas, présidente de la commission des affaires économiques du Sénat, « trop peu de travaux se posent la question de savoir comment les informations transmises par les fabricants sont effectivement traitées par les consommateurs. Or une information mal comprise, ou non prise au sérieux, peut être contreproductive, si elle jette le discrédit sur les autres informations. ». « Un exemple frappant illustre l’illisibilité de l’information apportée aux consommateurs : l’origine des produits. Les règles diffèrent tellement d’un produit à l’autre que les consommateurs ne s’y retrouvent pas, et développent une forme de suspicion. Nous proposons plusieurs pistes pour harmoniser et étendre, une fois pour toutes, l’affichage de l’origine à tous les produits alimentaires », souligne de son côté Françoise Férat, rapporteuse.
Rapport et recommandations sont consultables sur le site du Sénat : www.senat.fr
Un spécialiste des labels à La Réunion
Bruno Du Boisguéheneuc, fondateur de la société de conseil en valorisation agricole Essentiels Réunion, est un des rares spécialistes du sujet. Il commente les recommandations du rapport sénatorial.
« Il y a des bonnes idées comme la normalisation d’un certain nombre de labels pour des produits proches, l’information à l’école, ou la certification publique des différents “scores”. Je crois beaucoup à la nécessité de la recommandation sur le made in France : cette allégation liée aujourd’hui à la “ dernière opération substantielle” doit, pour être crédible, évoluer vers un cahier des charges beaucoup plus affirmé. C’est la même chose pour la notion de “ produit local ” qui reste floue. La nécessité de faire évoluer les labels susceptibles d’être agréés dans le cadre de la loi Egalim n’a pas été abordée. C’est dommage car c’est un vrai frein pour les producteurs locaux, notamment à La Réunion. Il ressort de ces propositions une volonté et une nécessité d’informer le consommateur qui a du mal à s’y retrouver. Cette volonté d’informer et de former constitue le cœur même de notre projet. Via les ateliers logos, nous proposons au consommateur, sous une forme ludique et conviviale, de devenir un consommateur averti et de savoir où trouver les informations dont il a besoin pour consommer mieux. Nous pouvons également accompagner les producteurs, artisans, transformers, et les restaurateurs, en leur présentant un panorama exhaustif des démarches existantes. Nous proposons aussi des formations pour les professionnels de la distribution, une autre recommandation du rapport, afin qu’ils puissent mieux informer les clients, mais aussi être plus pertinents vis-à-vis des fournisseurs en maîtrisant le sujet des labels. »