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Saturday 1 February 2025

Ciné Réunion : Le film d’une réussite

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Il y a plus de 2 000 salles de cinéma en France. Avec ses dix écrans, le multiplexe Ciné Grand Sud ouvert en 2023 se situe très souvent, in terms of attendance, dans le top 20 des meilleures salles françaises, devant des multiplexes métropolitains qui peuvent avoir plus du double de fauteuils ! Fêtant cette année ses 20 ans, le premier multiplexe ouvert à La Réunion, le Ciné Cambaie, se place, his, souvent dans le top 50. Grâce à ces performances de Ciné Réunion, les salles réunionnaises ont un accès aux films identique à la métropole, et certains distributeurs acceptent même parfois d’avancer exceptionnellement la sortie de certains films à La Réunion pour profiter de la période stratégique des vacances scolaires réunionnaises, différentes de celles de métropole. Ce sont quelques-unes des informations que confie Laurence Éthève, directrice d’exploitation des cinémas Ciné Réunion du groupe Ethève, dans l’interview qu’elle nous a accordée. Avec sa sœur Évelyne, Laurence Éthève, en charge de la partie exploitation et événementiel du groupe, œuvre aux côtés de son père, Yves Éthève, fondateur du groupe, pour perpétuer et faire avancer l’aventure de la distribution cinématographique à La Réunion. Si le nom d’une famille est lié à l’histoire réunionnaise du cinéma, c’est celui d’Éthève depuis trois générations, chacune portée par une passion visionnaire du cinéma. La plus spectaculaire de ces visions a donné naissance aux deux temples du cinéma que sont les multiplexes Ciné Cambaie et Ciné Grand Sud. Laurence Éthève apporte aujourd’hui sa propre vision dans une approche plus ciblée de la programmation qui montre sa pertinence et correspond aux attentes du moment.

Meeting Leader : Années 1960 : lieu d’animation du Tampon fondé par votre grand-père Lié Éthève, le Poker d’As devient aussi un cinéma. 1973 : votre père, Yves Éthève, ouvre le Ciné Splendid à Saint-Paul. 1998 : naissance de MauRéfilms. 2006 : vous prenez la direction de l’exploitation des salles de cinéma. Ces quatre dates sont-elles de bons points de repère de l’histoire de votre famille avec le cinéma ?

Laurence Éthève : À la place de 2006, je mettrais 2005, l’année de la création du multiplexe Ciné Cambaie à La Réunion. En tant que telle, ma prise de fonction en tant que directrice d’exploitation est un peu anecdotique. L’ouverture le 27 juillet 2005 du multiplexe Ciné Cambaie constitue, pour notre groupe et dans la carrière de mon père, qui a créé tout cela, une date majeure. Si mon grand-père avait été encore là, je pense qu’il aurait été impressionné par ce cinéma qui, avec ses huit salles, était le premier multiplexe de La Réunion. Nous l’étions nous-mêmes par le site et par l’afflux du public. Dans les premiers mois, l’endroit était noir de monde. Il faut ajouter une cinquième date : le 14 avril 2023, l’ouverture du Ciné Grand Sud, multiplexe de dix salles, encore plus grand, encore plus beau, et qui marche encore mieux. D’autres dates marqueront sans doute l’histoire du groupe dans l’avenir, mais je crois que nous sommes parvenus, avec le Ciné Grand Sud, à une sorte d’apothéose de ce que notre famille a déjà accompli et vécu dans ce métier de l’exploitation de salles de cinéma.

Comment naît cette histoire de votre famille avec le cinéma ?

Elle est née d’une passion. Une passion que mon père tenait de son propre père et qu’il nous a transmise à moi-même et à ma sœur Évelyne, qui s’occupe notamment de la partie juridique et sélection des films à programmer, tandis que je gère l’exploitation des salles. Mon père a fait de cette passion pour le cinéma quelque chose de grandiose. For my part, j’ai vécu avec le Ciné Splendid. Ma sœur et moi, nous avons grandi dans ce cinéma.

Ciné Réunion est-elle l’enseigne de salles de cinéma de MauRéfilms ?

Ciné Réunion est le nom de domaine que nous avons choisi sur Internet. Il désigne l’exploitation, plus que MauRéfilms, notre société de distribution.

Qu’est-ce qui a motivé la création de MauRéfilms en 1998 ?

Le Ciné Splendid était une salle unique de 400 places. Mon père n’était pas distributeur et ne maîtrisait pas sa programmation comme il le souhaitait. Il se plaignait d’avoir les films très en retard, et les spectateurs se plaignaient de devoir les attendre – ce qui n’empêchait pas de remplir la salle. La qualité du lieu, de la projection, la propreté du cinéma, l’accueil des spectateurs, l’offre de deux séances pour le prix d’une, tout cela plaisait beaucoup. Furthermore, at the time, le seul distributeur était notre concurrent exploitant de salles, Investissement et Commerce Cinéma, ICC. Toutes ces raisons ont décidé mon père à réagir. Avec des associés, il a créé MauRéfilms. En devenant distributeur local, nous avons pu diffuser plus de films et proposer des dates plus proches des dates de sortie nationale, mais aussi nous avons pu nous ouvrir à des œuvres autres que les blockbusters, avec des films français, European, indiens, etc.

Avec un total de 38 salles de cinéma à La Réunion, l’offre de films n’a-t-elle pas atteint sa limite par rapport au public disponible ?

Je pense qu’il y a encore des possibilités. La Réunion compte trois multiplexes : un à Sainte-Marie, un à Saint-Paul et un à Saint-Pierre, auxquels s’ajoutent le complexe Cinépalmes de Saint-Denis et des petites salles municipales. Mais beaucoup de gens ne vont pas au cinéma, notamment lorsque les salles sont trop éloignées de leur domicile à cause des problèmes de circulation. Il y a encore ce public à attirer au cinéma. Je fais d’ailleurs partie des gens qui regrettent la fermeture des petites salles. Les contraintes d’exploitation font parfois que l’arrivée des multiplexes conduit à fermer certaines petites salles qui ne savent pas comment résister à cette concurrence. Nous-mêmes avons dû fermer le Plaza à Saint-Louis pour cette raison. Mais parfois d’autres solutions peuvent être mises en place pour les maintenir ouvertes.

La grande salle du Ciné Grand Sud : le multiplexe, avec ses dix salles, peut accueillir plus de 2000 personnes.
Le Ciné Splendid à Saint-Paul, ouvert par Yves Éthève en 1973.

Comment se porte le groupe Éthève en ce début de 2025 ?

Globally, nous allons bien. Mais rien n’est jamais acquis. Le métier d’exploitant cinématographique est entièrement dépendant de l’offre de films proposée en amont par les distributeurs. Quand vous avez des films porteurs, si la qualité d’accueil et de service est là, tout va très bien. On the other hand, dans une période, comme celle qui a suivi la Fête du cinéma en août dernier, où pendant plus de deux mois il n’y a pas eu de sortie de films importants, ça devient plus compliqué. Des succès comme Un P’tit Truc en plus, Le Comte de Monte-Cristo, Deadpool, des dessins animés comme Vice-Versa 2, vont durer un peu, mais si, derrière, vous n’avez plus d’offre porteuse pour faire venir des spectateurs, l’activité retombe nécessairement. However, in the meeting, nous avons la chance de proposer, dans nos multiplexes, une offre cinématographique en général plus large et variée que dans de nombreux multiplexes de métropole, où les programmes sont beaucoup plus centrés sur les blockbusters américains ou français que chez nous. Il faut noter aussi qu’en France l’industrie du cinéma se porte très bien, et nous suivons cette tendance.

La date de sortie joue beaucoup dans le succès d’un film ?

Elle est fondamentale. Toute notre activité tourne autour des dates de sortie des films. Les distributeurs, qui sont
décisionnaires sur ce point, se demandent toujours à quel moment proposer leurs films pour qu’ils ne soient pas en concurrence les uns avec les autres et pour relancer l’intérêt du public tout au long de l’année. Lorsqu’un film sort, il meurt tout doucement : la deuxième semaine est déjà un petit peu plus faible que la première, la troisième un peu plus faible que la deuxième, etc. Il y a bien sûr des exceptions, comme Intouchables, mais elles sont très rares. Ils doivent donc jouer avec les dates de sortie des films pour entretenir le désir de cinéma des spectateurs.

Vous connaissez donc les sorties de 2025 ?

Quite. Nous savons à peu près un an à l’avance quels films nous pourrons proposer. Le calendrier est établi par les gros distributeurs français ou internationaux. Les sorties clés se concentrent toujours sur les périodes de vacances, sachant que celles-ci ne sont pas tout à fait les mêmes à La Réunion qu’en métropole. À Noël et en juin-juillet-août, vous avez en général une série de gros films qui s’enchaînent, un par semaine. En mai 2025, For example, nous aurons la seconde partie du dernier Mission Impossible. Le troisième Avatar est prévu à Noël 2025. Ce seront des films extrêmement porteurs.

Évelyne Éthève (to the right) est en charge de la partie juridique et sélection des films à programmer.

Comment se construit une offre de multiplexe : un blockbuster tout public dans la salle principale, complété par des films ciblant davantage leurs publics ?

Le blockbuster est essentiel pour attirer le public. On l’appelle même, dans notre jargon professionnel, notre « locomotive », c’est assez parlant… Le blockbuster va aussi engendrer des recettes de confiserie, un apport de recettes fondamental pour les cinémas. Et c’est effectivement grâce au blockbuster que nous pouvons proposer d’autres films attirant moins, voire peu, de public, et pour lesquels nous pouvons même avoir des pertes d’exploitation selon les conditions d’accès à ces films moins porteurs. D’où notre choix d’avoir une offre variée en termes de genres cinématographiques pour satisfaire tous les publics. Ainsi il nous arrive souvent de voir des spectateurs mettre leurs enfants dans une salle pendant qu’ils vont voir autre chose.

Où en est-on à La Réunion en termes de fréquentation des cinémas ?

Le Ciné Grand Sud, ouvert le 14 avril 2023, fait partie des 20 meilleures salles de France, et le Ciné Cambaie des 50 meilleures salles. For us, c’est une très grande satisfaction. Le Ciné Grand Sud a été classé premier cinéma français en termes d’entrées sur plusieurs films en première semaine d’exploitation, comme par exemple Garfield : héros malgré lui, ou deuxième pour le film Jamais plus avec Blake Lively, très apprécié dans nos salles réunionnaises. Likewise, le Ciné Grand Sud s’est hissé sur le podium national des trois meilleures salles françaises pour le film Les Segpa au ski en janvier 2024. Même chose pour le film sur Bob Marley en février 2024. J’ai régulièrement des distributeurs qui nous annoncent le lundi matin que nous avons été premiers durant le week-end, que nous avons le meilleur démarrage de France, le meilleur week-end de France ! Il faut se rendre compte que, avec nos dix salles, nous rivalisons avec des mastodontes métropolitains qui ont plus de 20 salles !

Le cinéma comme lieu de vie et d’animation : up, la confiserie et l’espace de restauration rapide du Ciné Grand Sud ; down, l’espace de jeux du Ciné Grand Sud et l’un des deux restaurants du Ciné Cambaie.

L’un des objectifs de MauRéfilms était de pouvoir proposer les films à La Réunion en même temps qu’en métropole. Êtes-vous satisfaite des avancées sur ce point ?

Totalement. Nous sommes complètement à date de sortie nationale. Lorsque nous décalons une sortie locale, c’est une décision concertée et validée avec le distributeur et un choix de notre part, toujours pour privilégier les intérêts du film concerné. Nous avons même des sorties en avance sur la métropole. Conséquence des bonnes performances de nos multiplexes, des distributeurs acceptent de tenir compte des dates de vacances scolaires réunionnaises, ce qui signifie que des films sortent à La Réunion avant la métropole, parfois en exclusivité dans nos cinémas. C’est une très belle marque de confiance envers nous et notre public réunionnais. However, depuis le passage à 35 % du taux de location des films, imposé par notre concurrent notamment, l’accès au film est devenu fragile, en particulier avec certains des plus gros distributeurs qui ont pu tenter de nous imposer des dates de sortie décalées. Nous avons dû batailler pour maintenir ces dates de sortie nationale. Nous ne lâcherons pas sur ce point, car il est hors de question que notre public réunionnais soit considéré comme un public de seconde zone après le plafonnement de ce taux, que nous avons combattu.

Le taux de location fixe la part de la recette allant au distributeur du film. Les distributeurs voulaient aligner le taux pratiqué outre-mer, 35 %, sur celui de la métropole, 50 %. Où en est-on aujourd’hui ?

Depuis décembre 2023, une loi plafonne ce taux à 35 % dans les DROM-COM. Before, on reversait un peu plus aux distributeurs et aux ayants droit du film. C’est un syndicat des cinémas d’outre-mer créé aux Antilles, auquel a adhéré notre concurrent local ICC, mais pas nous, qui a demandé et fait voter cette loi. Nous étions opposés à cette mesure, car nous privilégions la date de sortie des films pour engendrer des recettes. Gagnant moins d’argent en Outre-mer, les distributeurs imposent des contraintes de programmation supplémentaires. Je donne deux exemples de conséquences de l’application du taux de 35 % : le fim d’animation Vice-Versa 2,
distribué par Disney, n’est pas sorti dans l’Outre-mer à la même date qu’en métropole. Disney a refusé. Même chose pour Mufasa : le roi lion, sorti à La Réunion le 25 décembre au lieu du 18 décembre comme en métropole. Les distributeurs peuvent aussi demander à augmenter le nombre de séances : si ce nombre est insuffisant, nous n’avons pas le film. Les performances de fréquentation des cinémas du groupe Éthève nous permettent toutefois d’atténuer cet inconvénient et de maintenir un accès correct à un maximum de films.

La crise de la Covid a provoqué une chute brutale de fréquentation jusqu’en 2022. Le public est-il revenu dans les salles de cinéma ou y a-t-il toujours un effet Covid sur la fréquentation ?

Je pense que le public n’est pas totalement revenu. Je le vois, ne serait-ce qu’autour de moi : j’ai des amis qui ne sont toujours pas revenus au cinéma, et ça n’a rien à voir avec la question du pouvoir d’achat. Ils en ont perdu l’habitude et ont porté leur attention sur autre chose. Mais vous avez aussi des jeunes qui n’ont jamais mis les pieds dans un cinéma, qui regardent les films sur Netflix, Disney+, etc. Ils ne voient d’ailleurs jamais aucun spectacle : ni cinéma, ni concert, ni théâtre… Je pense que nous avons ce défi d’aller chercher ces gens, ces jeunes, qui ne connaissent pas les salles de cinéma. C’est un défi qui nous est posé, de même que de ramener les gens au cinéma.

Tenant compte des vacances scolaires, périodes stratégiques pour les cinémas, certaines sorties de films ont lieu à La Réunion avant la métropole.

Les statistiques annuelles avant la crise de la Covid annonçaient plus de deux millions d’entrées à La Réunion par an, toutes salles confondues. Est-on revenu à ce niveau de fréquentation ?

Yes, I think, en comptant nos entrées et celles de notre concurrent. C’est très bien, mais j’insiste sur le fait que ce public, il faut le conserver, lui donner envie de revenir régulièrement au cinéma. Rien n’est acquis. C’est un défi qui nous impose d’offrir la même qualité d’accueil, de confort, de sécurité, de propreté, de maîtrise technique, tous les jours à toutes les séances, à celle de 13 heures en semaine où vient un public de retraités, comme à celle du samedi soir avec son public de masse et familial. La qualité doit être la même pour tous et tout le temps.

Ouvrir le Ciné Grand Sud en avril 2023 était un défi. Ce multiplexe ultramoderne et imposant, avec son offre de restauration, ne renoue-t-il pas, in a certain way, avec l’esprit d’origine qui était celui du Poker d’As des années 1960 ?

Je vous avoue que, quand mon père a voulu construire le Ciné Grand Sud en plein Covid – un investissement colossal de plus de 30 millions d’euros ! – nous nous demandions, ma sœur et moi, si ce défi n’était pas trop gros pour nous. Mais mon père avait raison, c’était la chose à faire pour répondre au besoin de cinéma. À la base de toute notre démarche, il y a le plaisir que le client doit prendre à venir dans nos cinémas. Mon père m’a toujours dit : il faut que le client s’approprie le site, qu’il ne vienne pas juste voir un film et s’en aille. C’est ce que nous avons voulu réaliser au Ciné Cambaie et au Ciné Grand Sud : ce sont des lieux d’animation incluant des restaurants et des jeux, où le public fait plus qu’aller cinéma.

Votre premier concurrent aujourd’hui n’est-il pas Netflix et les plateformes de streaming ?

Je n’ai jamais eu peur des plateformes de streaming. Mon avis personnel, c’est qu’il y a énormément de choix sur ces plateformes, mais ce choix n’est pas vraiment qualitatif. Ce n’est pas du tout la même chose de regarder un film sur un écran de cinéma, en le partageant avec d’autres personnes dans une salle, que de le regarder sur une télévision, un ordinateur ou un téléphone portable. Il y a une magie du cinéma qui ne se ressent que dans une salle.

Exploiter un cinéma outre-mer coûte-t-il plus cher qu’en métropole ?

Yes. L’insularité crée nécessairement des coûts supplémentaires. Je vais vous donner un exemple : les tickets de cinéma que je fais venir par avion, avec un coût supplémentaire. Et je ne vous parle pas des projecteurs numériques, des fauteuils ou du matériel pour lequel je dois en plus faire venir le prestataire qui va les installer. Il y a aussi le coût de la promotion. Les distributeurs de films font de la publicité sur des chaînes généralistes de télévision ou dans les stations de métro dans les grandes villes métropolitaines, les gares, les stations de ski, etc. Ce sont des supports promotionnels qui n’atteignent pas notre public réunionnais. Nous sommes obligés de prévoir un budget de promotion spécifique dans les médias et de faire venir de la PLV. Finally, notre masse salariale est supérieure à celle de nombreux multiplexes métropolitains. Cela résulte du choix de la qualité que nous faisons. La qualité passe par du personnel pour l’accueil et le service à la clientèle, pour l’entretien et la sécurité du site. for example, dans nos établissements, un salarié s’occupe des toilettes en permanence, de l’ouverture à la fermeture des cinémas.

Le prix des places à l’unité est nettement moins élevé à La Réunion qu’en métropole. Comment s’explique cette différence de prix ?

La dernière fois que je suis allé au cinéma en métropole, j’ai payé ma place 18 € ! Et pour un tel prix, on n’a pas la garantie d’un service de qualité, pas même d’une salle propre. Le Ciné Cambaie et le Ciné Grand Sud proposent un tarif plein de 10,10 €. Nous avons déjà eu des réajustements de prix, mais jamais de plus de quelques dizaines de centimes. Nous voulons que le cinéma reste accessible au plus grand nombre. For this purpose, nous modulons aussi nos prix : la séance du matin est moins chère, et nous proposons des cartes d’abonnement à des tarifs attractifs pour les gens venant souvent au cinéma ou pour les familles. Nous avons trois offres de carte de fidélité : 10 places, 20 places ou 30 places. Elles offrent des réductions qui vont jusqu’à plus de 30 % sur le prix du ticket. Mais nous ne proposons pas d’offre de cinéma illimitée comme il en existe en métropole.

La publicité au cinéma résiste-t-elle à l’évolution du marché publicitaire, qui s’oriente de plus en plus vers Internet et les réseaux sociaux ?

Elle reste un complément non négligeable. Le cinéma est une vitrine dont profitent des partenaires qui nous suivent souvent depuis très longtemps. Le média cinéma est le seul à avoir cette capacité de capter l’attention d’un public réceptif, car détendu et de bonne humeur. On vient au cinéma par plaisir. La réceptivité des informations y est plus grande parce qu’on s’y sent bien.

Les cinémas du groupe Ethève se distinguent en faisant découvrir des films d’opéra. L’opéra au cinéma : cette offre trouve-t-elle son public ?

Tout ce qui est rediffusion de ballets, opéras, pièces de théâtre, concerts filmés trouve en effet ses publics. C’est une façon pour nous de démocratiser ces spectacles et une occasion d’attirer ce public, dont je parlais, qui ne va pas au cinéma.

Autre initiative remarquée : Ciné Culte, la rediffusion de films célèbres (Le Seigneur des anneaux, Harry Potter, Apocalypse now…). Ces séances font le plein. D’où vous est venue cette idée ?

Elle est née d’un hasard. Un jour de grève où mes enfants n’avaient pas école, je les ai emmenés voir, dans une des salles du Ciné Cambaie, un film que nous avions déjà regardé à la maison. Des amis m’ont dit plus tard qu’ils auraient aimé venir eux aussi avec leurs enfants. Des séances de cinéma spécifiques. At the beginning, mon père n’était pas trop favorable à l’initiative. Le premier Ciné Culte a diffusé son film préféré, Le Dernier des Mohicans. La salle n’était remplie qu’à moitié, mais quand le distributeur du film a vu le chiffre, il nous a appelés, enthousiaste, pour nous dire : « C’est formidable, à Paris vous n’auriez jamais eu autant de spectateurs ! » On a passé Le Parrain : salle pleine. Pulp Fiction : salle pleine. Le Grand Bleu : salle pleine. Pour Seven, les gens applaudissaient dans la salle. On the other hand, Jean de Florette et Manon des sources, deux films que je trouve formidables, ont moins bien marché… Les gens viennent souvent avec leurs enfants pour leur faire découvrir des films qui les ont marqués dans leur jeunesse. Ils revivent la même émotion. Un nouveau concept de cette formule est en place depuis quelques mois dans nos salles : Cin’Écolo, avec la projection de documentaires ou de longs métrages sur la vie des animaux, nature, l’environnement et l’écologie. Ça marche tellement bien que nous avons décidé de lancer pendant les vacances de janvier un Cin’Écolo Marmailles pour les enfants !

Le cinéma Lacaze est le seul cinéma d’art et essai de La Réunion. Vous semblez attachée à ce petit cinéma ?

Yes, nous le sommes. Ce sont deux petites salles de 45 et 65 places, en plein centre-ville de Saint-Denis. Ce cinéma a un public fidèle, qui aime échanger, et ce qui manque au Ciné Lacaze, c’est un endroit où les gens pourraient se réunir après avoir vu le film. Nous pourrions nous inspirer des séances de Ciné Classique que nous proposons à Saint-Paul avec Paul Obadia, docteur en études cinématographiques, qui commente les films du patrimoine avant leur diffusion. Une formule appréciée par le public. Toutefois nous avons déjà mis en place des choses qui marchent très bien au Ciné Lacaze, comme le « Coup de cœur surprise » : les gens viennent sans savoir ce qu’ils vont découvrir, ils savent seulement qu’il s’agira d’un film d’art et essai qui n’est jamais passé à La Réunion.

La Réunion cherche à devenir une terre de tournage de films et, avec le studio Gao Shan Pictures et l’école Rubika, elle se fait connaître dans le film d’animation. Les exploitants locaux de salles ont-ils un rôle à jouer pour soutenir ce mouvement ?

J’apprécie beaucoup cette démarche de production locale. Nous venons de mettre en place un nouveau créneau qui s’appelle le Ciné’ MaRun : de temps en temps, une séance mettra en avant un film créé ou tourné à La Réunion. Nous avons fait une première séance en fin d’année avec le film Lémuria, précédé du court-métrage Pie dan lo : la salle était pleine. Lately, le studio Gao Shan Pictures a produit le film d’animation Angelo dans la forêt mystérieuse. J’aime beaucoup ce qu’ils font. Mais la production locale a besoin d’une plus grande mise en avant. Les médias locaux devraient davantage s’y intéresser : il faut sensibiliser les spectateurs réunionnais au fait que La Réunion est devenue un lieu de tournage et de création cinématographique. Le film réunionnais Marmaille, qui a bénéficié d’une sortie locale avant la sortie nationale et très bien marché, devrait y contribuer. We are on the right path.

Salle Mascareignes, salle de cinéma louée pour des événements (comme le congrès des stratégies commerciales StratCo Run, of which Leader Réunion is a partner) : l’événementiel est-il une activité que vous souhaitez développer ?

Nous mettons seulement des salles à disposition, mais nous n’organisons pas d’événements privés. Cela a commencé peu après l’ouverture du Ciné Cambaie, lorsqu’on m’a demandé un devis pour louer une salle : nous n’avions pas du tout pensé à la location de salle. Vingt ans plus tard, quasi toutes les semaines, nous louons une salle du Ciné Cambaie ou du Ciné Grand Sud pour des événements, des conférences, des réunions de travail, des séminaires, avec petits déjeuners ou cocktails déjeunatoires ou dînatoires. La salle Mascareignes, au-dessus des restaurants du Ciné Cambaie, accueille de son côté des événements privés, mariages, baptêmes, communions, et de temps en temps des événements professionnels.

Exploiter une salle de cinéma : le métier fait rêver les cinéphiles. Mais est-ce encore un métier de rêve à l’heure du tout numérique ?

Je dirais oui, c’est un très beau métier : exploiter un lieu de loisirs et d’imaginaire. Mais un métier exigeant qui demande une disponibilité totale et beaucoup d’investissement personnel. Nous sommes ouverts 365 jours par an. Des soucis techniques ou d’organisation peuvent intervenir à tout moment, each day. Le spectacle, his, ne doit jamais s’arrêter.

Caisses du Ciné Grand Sud : misant sur la qualité de l’accueil et du service, le groupe Éthève emploie 70 personnes dans ses cinémas.

Laurence Éthève : « Mon parcours est atypique »

« Nous avons tous des compétences transversales qui peuvent s’appliquer à plusieurs métiers », déclare Laurence Éthève. Ces compétences, la directrice d’exploitation des cinémas du groupe Éthève les a acquises dans l’enseignement en métropole et à La Réunion. « Je voulais devenir enseignante, comme ma mère. Après avoir mis le pied dans un cours d’anglais au collège, j’ai choisi l’anglais et je suis devenue professeur d’anglais. J’ai eu plusieurs casquettes dans l’enseignement, entre professeur principal, coordonnatrice, tutrice. C’était une vocation, et je suis ravie d’avoir exercé ce métier. Mais j’ai fini par m’y ennuyer. J’avais faim de projets, d’organiser des choses. » Aussi, quand Yves Éthève donne une dimension nouvelle à son activité cinéma en ouvrant le Ciné Cambaie en 2005, il se tourne naturellement vers Laurence, sa fille aînée, pour structurer l’équipe directionnelle. « J’ai observé, j’ai bénéficié des connaissances de collaboratrices et de collaborateurs formidables. J’ai certainement commis des erreurs, mais j’ai vite appris et j’ai fait mes preuves. » Laurence et Évelyne Éthève assurent aujourd’hui (avec leur père encore très présent) la direction opérationnelle d’une entreprise employant 70 personnes dans les trois cinémas du groupe.

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