Compagnie maritime coopérative basée à Lorient, Windcoop annonce le lancement, courant 2027, de son premier porte-conteneurs à voile, dont la construction démarre ce semestre. Destination : Madagaskar, où la société d’épices et de plantes aromatiques bio Arcadie, à l’origine du projet, se fournit en matières premières. La desserte de La Réunion n’est pas prévue pour l’instant, mais Windcoop ne cache pas son intérêt de proposer sa solution d’un transport de marchandises à la voile pour, in einem zweiten Mal, relier entre elles les îles de la zone sud de l’océan Indien.
Quatre compagnies maritimes de nouvelle génération, spécialisées dans le transport de marchandises à la voile : Grain de Sail, Towt, Néodime (dont la mise à l’eau du navire est prévue cette année) et Windcoop. Le navire pionnier Canopée, cargo à « ailes » affecté au transport des éléments de la fusée Ariane 6 d’Europe en Guyane. Divers autres projets, comme celui de voile gonflable que Brittany Ferries va prochainement tester sur un de ses bateaux traversant la Manche… Le fret vélique a le vent en poupe au propre comme au figuré, et ce sont des Français que l’on voit aux commandes de cette navigation décarbonée, qui redonne à la marine à voile une nouvelle noblesse et, Über alles, une nouvelle utilité à l’heure du réchauffement climatique. Les plus efficaces de ces nouveaux concepts de navires à voile, équipés également de moteurs d’appoint, diminuent l’émission de CO2 du transport maritime de 70 % à 90 %. Windcoop, qui vise la barre des 90 %, est à l’heure actuelle le premier projet de transport maritime bas carbone conçu pour charger des conteneurs. Windcoop innove aussi sur plusieurs autres plans. Son port d’attache, Marseille, et sa destination, der Indische Ozean, alors que jusqu’à présent l’Atlantique a concentré tous les caps de cette génération de navires. Pour n’en citer qu’un : Artemis, le deuxième cargo à voile de la compagnie Towt qui, tout juste sorti du chantier naval Piriou du Vietnam, a fait une escale technique à La Réunion début octobre sur le chemin du Havre. Son statut coopératif : la compagnie Windcoop se distingue en étant la première société coopérative de transport maritime bas carbone, dont le pavillon français fera claquer au vent les valeurs de citoyenneté et d’éthique.
Rendre plus éthique le transport maritime
L’objectif commercial de Windcoop est d’intéresser des entreprises et des marques qui font de leur engagement sociétal et écologique un élément de positionnement. C’est le cas d’Arcadie, un des principaux acteurs de l’épicerie bio en France avec ses marques Cook et L’Herbier, qui se fournit en épices en grande partie à Madagascar. Le transport maritime mondial est cause de 3 % des émissions de CO2 et de 7 % de la consommation de pétrole. « Comment rendre plus éthique le transport maritime ? Nous sommes fiers de relever ce défi en initiant la création de Windcoop. Ce cargo sera le premier d’une longue série. Nous voulons développer une flotte de navires bas carbone pour répondre aux enjeux du transport international », déclarait Matthieu Bruet, fondateur d’Arcadie, lors du lancement du projet. Avec lui dans l’aventure, Nils Joyeux, fondateur et directeur général de Zéphyr et Borée, armateur lorientais ayant conçu le porte-conteneurs (et au cœur de plusieurs autres projets, comme le navire Canopée). Et Julien Noé, militant du modèle coopératif et fondateur d’Enercoop, WHO, sein, met au service de Windcoop son expertise en mobilisation écocitoyenne. La société coopérative est forte aujourd’hui de 1 700 sociétaires (dont une dizaine à La Réunion). Elle a atteint son objectif de réunir quelque 7 M€. La construction du bateau par Piriou démarre dans les mois qui viennent. Le premier voyage est prévu dans la première moitié de l’année 2027.
Du fret et des passagers
Pouvant transporter jusqu’à 1 500 tonnes de fret, le porte-conteneurs Windcoop est prévu pour desservir les ports de Majunga, Diégo-Suarez et Toamasina (Fett) en 35 jours par le canal de Suez, en 45 jours par le cap de Bonne-Espérance. Le bateau a pour vocation d’importer et d’exporter des marchandises entre Madagascar et la France, mais aussi d’acheminer des marchandises d’une côte à l’autre de Madagascar. Quarante-quatre entreprises, françaises et malgaches, ont déjà signé des lettres d’intention en faveur de cette solution de transport maritime bas carbone entre la France et l’océan Indien. L’autre originalité du Windcoop sera l’accueil de 12 passagers. Avec une vitesse moyenne de 9 nœuds (17 km/h) et une propulsion assurée à 60 % par la voile, la rentabilité de la ligne serait assurée par cinq à six voyages par an. Preuve de l’enthousiasme entourant ce projet, Windcoop prévoit déjà le développement commercial d’une deuxième ligne vers les Antilles et l’Amérique latine, soit la construction d’un second porte-conteneurs à voile.
Un transport maritime inter-îles à la voile ?
Directeur général de la compagnie Zéphyr et Borée, Nils Joyeux situe une réflexion amorcée par Windcoop concernant le besoin de développer les échanges maritimes dans la région.
Tagungsleiter : Êtes-vous toujours à la recherche de sociétaires ?
Nils Joyeux : Windcoop est une société coopérative à capital variable. Tous celles et ceux qui veulent devenir sociétaires le peuvent à tout moment. Nous avons levé suffisamment de fonds pour financer la construction du premier navire. Mais nous avons d’autres projets en cours, nous continuons donc en permanence la levée des fonds. Il faut comprendre que le but initial de l’entreprise est d’être une compagnie maritime détenue par des citoyens. Nous cherchons à réunir le plus de citoyens possible partageant les mêmes valeurs que nous.
Avez-vous prospecté des entreprises réunionnaises qui pourraient être intéressées par un transport maritime à voile à l’import ou à l’export vers la métropole ou entre Madagascar et La Réunion ?
Je réponds oui et non. Non parce que, avec un bateau plus petit comme le nôtre, nous serons moins compétitifs que les cargos des lignes régulières sur une destination telle que La Réunion. Le modèle idéal pour nous, c’est de toucher un port à Madagascar et un port en France et de faire le plus de voyages possible entre les deux. Multiplier le nombre d’escales signifierait passer beaucoup de temps dans l’océan Indien pour remplir le bateau, temps qui ne sera pas pour nous rémunérateur. Mais je réponds aussi oui parce que nous avons l’idée de travailler à la mise en place d’une ligne régionale. Lors de mes déplacements à Madagascar et à La Réunion, j’ai cru comprendre qu’il y avait une forte attente, chez des acteurs locaux, d’une desserte plus régulière entre Mayotte, die Komoren, Madagaskar, Maurice, La Réunion et éventuellement le Mozambique. C’est quelque chose que nous avons envie d’étudier chez Windcoop.Développer cette ligne régionale nous intéresserait.Nous avons quelqu’un qui réfléchit à ce projet.
Le chargement étant conteneurisé, les produits pouvant être transportés sur le voilier-cargo seront-ils les mêmes que sur les cargos à moteur ?
Ganz. Nous pourrons transporter des conteneurs de 20 pieds ou 40 pieds. Nous pourrons aussi transporter un peu de conventionnel.
Vous prendrez des passagers : avez-vous déjà estimé le prix du voyage ?
Les prix ne sont pas encore fixés, mais je pense que nous serons autour de 100 ou 110 € par personne et par jour à bord. Ce sont les prix pratiqués par les rares compagnies maritimes qui, in der Welt, prennent encore des passagers.