Depuis le début de l’année, de nombreuses entreprises sont confrontées à d’importants problèmes d’approvisionnement. Jean-Michel Laidin, associé Walter France, donne quelques pistes pour limiter l’impact sur les comptes 2021.
La pénurie de matières premières devient problématique dans plusieurs secteurs. Le bois, l’acier, le cuivre par exemple, pour les électriciens, sont difficiles à trouver. S’ensuit une flambée des prix parfois spectaculaire. La capacité de production baisse. Les aciéries, qui avaient été en surproduction, notamment en 2019 lorsque le prix de l’acier avait baissé, ont dû se réadapter à une production moindre. Elles travaillent en flux tendus : tout ce qui est produit est immédiatement vendu et sorti de l’usine ; elles n’ont plus de stock en réserve. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Il en est de même pour le cuivre. La production peine à retrouver son rythme normal alors que la demande est forte, notamment pour les batteries de véhicules électriques et les semi-conducteurs. Les prix grimpent. Le cours du cuivre augmente en conséquence fortement. Selon certains analystes, il pourrait atteindre en 2025 le double de son prix actuel. Cette pénurie de matériaux dépasse largement nos frontières et fait inexorablement monter les prix. Les Chinois ont besoin de plus en plus d’acier, les Américains ont fait flamber le prix du bois, en se tournant vers l’Europe, et l’achètent à n’importe quel prix.
Des conséquences sur l’exécution des chantiers
Les entreprises du bâtiment notamment subissent de plein fouet les conséquences conjuguées de cette pénurie de matériaux et de hausse des prix. Les chantiers ralentissent. Les marges baissent. Entre l’élaboration d’un devis et la réalisation d’un chantier, plusieurs semaines, voire plusieurs mois peuvent s’écouler ; les entreprises ont hésité, pendant le premier semestre, à répercuter la hausse des prix. En 2020, les chiffres d’affaires ont pu baisser à cause de la pandémie et des confinements, mais les aides sont venues compenser les pertes de rentabilité. En revanche, en 2021, les chiffres d’affaires commencent à baisser à cause des retards de chantiers, et les marges, vont, quant à elles, diminuer à cause de la flambée des coûts des matériaux.
QUELLES MESURES PRENDRE ?
Pour limiter les impacts de cette situation, les entreprises du BTP peuvent mettre en œuvre quatre mesures.
Stocker, si elles en ont les moyens financiers. La hausse des prix n’étant pas près de s’arrêter, « investir » dans l’achat de stocks peut s’avérer une stratégie judicieuse.
Indexer les devis des chantiers sur les indices de matières premières. Les hausses futures des matériaux sont ainsi répercutées sur le client. Il est essentiel dans ce cas de ne pas se contenter de le mentionner sur le devis, mais de passer du temps à bien expliquer à son client la situation actuelle et de le préparer « psychologiquement » !
Bien choisir ses fournisseurs et établir une relation de confiance avec eux. Le chef d’entreprise a tout intérêt à consolider une relation de confiance avec quelques fournisseurs fiables et sains financièrement, plutôt que de multiplier les interlocuteurs et de sélectionner systématiquement le mieux-disant.
Gagner en agilité et adapter ses plannings en fonction de l’approvisionnement.