Dans une étude sur la distribution des produits alimentaires bio en France, « Les Échos Études » décrypte les stratégies et les tendances qui font bouger les lignes de la distribution alimentaire de produits bio en France. Elle permet d’évaluer le potentiel du marché et de dessiner le paysage de la distribution à l’horizon 2025.
Avec un rythme de croissance toujours soutenu, l’engouement pour le bio ne se dément pas. Le marché français des produits bio poursuit son essor exceptionnel. Depuis une dizaine d’années, le marché des produits biologiques connaît une croissance annuelle à deux chiffres. Le bio est désormais ancré dans les habitudes des Français : 47 % d’entre eux sont des consommateurs réguliers de produits biologiques en 2019 contre 37 % en 2015. Le bio s’annonce pour le moment le grand gagnant de la crise sanitaire. Le renforcement des pratiques écoresponsables des Français avec la crise de la Covid-19 a profité au bio avec des dynamiques de croissance fortes dans tous les canaux de distribution. Ainsi le bio a recruté 8 % de nouveaux acheteurs pendant la période de confinement (source Etude Spirit Insight pour l’Agence Bio). Toutefois la crise économique pourrait constituer un frein possible au développement du marché, avec un risque de voir la bataille du prix l’emporter sur celle des valeurs historiques du bio. Les conséquences économiques de la crise sanitaire exacerbent en effet la bipolarisation de la consommation tiraillée entre les tensions sur le pouvoir d’achat et la volonté d’une consommation plus responsable et saine.
La grande distribution creuse l’écart
Le marché français, caractérisé par une distribution multicanale, est dominé par les enseignes de la grande distribution et les magasins spécialisés bio. Mais ces dernières années, le circuit généraliste tire la croissance et prend des parts de marché au détriment des enseignes 100 % bio. Développement des références sous marques distributeurs et rattrapage des grandes marques leaders, l’assortiment en GMS s’est considérablement développé. En 2019, la grande distribution s’arroge désormais près de 55% du chiffre d’affaires des produits alimentaires bio. Mais, pour s’imposer sur ce marché stratégique, les distributeurs généralistes sont présents sur tous les fronts de la distribution bio. Dans cette logique, ceux-ci renforcent leur position sur le circuit spécialisé via leurs propres enseignes, en lançant de nouveaux concepts comme Casino Bio fin 2019 ou Le Marché Bio Leclerc en 2018, ou en rachetant des acteurs existants. C’est le cas de Carrefour qui a repris So.bio en 2018, puis Bioazur et Bio c’Bon en 2020. Désormais, 17 % des magasins spécialisés sont sous la coupe de la grande distribution généraliste.
Le bio attise les convoitises
Face à cette concurrence, les enseignes leaders du 100 % bio restent dynamiques. Biocoop, Naturalia et La Vie Claire ont enregistré de très belles performances en 2019, grâce aux ouvertures de magasins qui se poursuivent, et à une communication de plus en plus offensive. Ainsi la croissance du chiffre d’affaire du top 3 des enseignes spécialisées bio en 2019 (Biocoop, La Vie Claire, Naturalia) a été de 14%. En revanche, les enseignes de plus petite taille accusent le coup de cette concurrence de plus en plus vive. Du côté de la vente en ligne, le leader Greenweez, racheté par Carrefour en 2008, poursuit son développement en Europe et se lance dans la livraison rapide de produits frais en région parisienne. De nouveaux e-commerçants (Aurore Market, La Fourche, Kazidomi) sont apparus avec un business modèle basé sur l’abonnement qui leur permet de proposer des prix attractifs. Enfin, la croissance exceptionnelle du e-commerce alimentaire pendant la période de confinement impose aux enseignes spécialisées d’accélérer leur virage digital. Enfin les jardineries, qui cherchent à se diversifier sur des activités périphériques relais de croissance, investissent l’alimentaire et notamment le bio. Botanic a été précurseur dès 2008 avec ses espaces le marché bio. In Vivo, qui affiche de fortes ambitions pour son pôle retail, mise aussi sur le bio et le local pour développer ses jardineries. Dans cette perspective, il a repris fin 2018 l’enseigne Bio&Co. De son côté, Truffaut a construit une offre épicerie bio destinée en particulier à ses concepts urbains.