Précurseur de l’agrivoltaïsme à La Réunion, le producteur d’énergie renouvelable Akuo porte à présent un projet d’éolien en mer avec la société espagnole Blue Float Energy, spécialisée dans l’éolien, en partenariat avec le cluster maritime de La Réunion et celui de la Transition Énergétique Temergie.
Akuo est un producteur indépendant français d’énergie renouvelable présent dans l’Hexagone, les DOM-TOM et plus d’une vingtaine de pays. Le groupe s’implique dans l’éolien, le photovoltaïque et le stockage d’énergie. Akuo possède à ce jour 1,8 GW d’actifs en exploitation et en construction, et un portefeuille de projets de plus de 20 GW. Avec une vingtaine de collaborateurs, la société est implantée depuis sa création, en 2007, à La Réunion. Elle gère localement 12 centrales solaires, principalement en agrivoltaïsme, couplées à du stockage d’énergie, la plus connue se situant dans l’enceinte du centre de détention du Port, sous les serres agrivoltaïques anticycloniques de Bardzour. Akuo a fait l’actualité dans l’île au début du mois de février en célébrant, sur le site de Bardzour, l’anniversaire de la naissance de l’agrivoltaïsme, qui concilie culture agricole et photovoltaïsme, il y a quinze ans à La Réunion. Depuis, l’expérience réunionnaise a essaimé en France et en Europe. À l’occasion de cet anniversaire, Akuo a réuni les acteurs du secteur pour échanger autour de l’avenir de la filière locale, alors que l’adoption de la loi d’accélération des énergies renouvelables, début 2023, instaure pour la première fois un cadre légal pour l’agrivoltaïsme.
Un projet d’une puissance d’au moins 200 mégawatts
Akuo, qui se développe également dans l’éolien, a profité de cet anniversaire pour, le lendemain, présenter un séduisant projet d’éolien en mer. Bien qu’encore théoriques, les arguments en faveur de ce projet énergétique d’envergure ne manquent pas de pertinence. Déjà associées en Méditerranée dans le cadre d’un appel d’offres lancé par l’État pour la réalisation de deux parcs éoliens en mer flottants, les sociétés Akuo et Blue Float Energy imaginent à La Réunion un projet d’une puissance d’au moins 200 MW, qui rassemblerait une douzaine d’éoliennes au large de Sainte-Suzanne et de Sainte-Marie. L’installation générerait environ un quart de la consommation d’électricité de l’île, une production d’énergie renouvelable additionnelle décisive pour atteindre l’autonomie énergétique. Autre argument, la mise en place d’un tel projet éviterait, d’après ses auteurs, l’émission de 210 000 tonnes de CO2 par an et garantirait un prix d’achat de l’électricité stable et acceptable pour les citoyens, alors qu’une hausse des coûts de production d’énergie dans l’île est prévue par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), du fait de l’importation de biomasse en remplacement des combustibles fossiles.
La balle dans le camp de l’administration
« L’éolien en mer flottant est une technologie adaptée à la géographie et aux conditions météorologiques de l’île. Du fait de la typologie de La Réunion, on trouve de grandes profondeurs d’eau en s’éloignant de la côte. Les flotteurs, ancrés en plusieurs points sur les fonds marins, présentent moins d’enjeux pour la faune et la flore marine locale que la plupart des fondations utilisées pour des éoliennes posées », a-t-il été expliqué en substance. Entre phase de construction, gestion et maintenance du parc éolien, une nouvelle filière industrielle pourrait créer plusieurs dizaines d’emplois. À l’objection de l’aléa cyclonique, il a été répondu que des solutions techniques résistantes aux conditions climatiques extrêmes, en particulier à celles de l’île de La Réunion, existent. Des éoliennes flottantes ont supporté le passage de typhons de grande puissance au Japon. Un message, semble-t-il, entendu par le principal service de l’État concerné, la DEAL, qui ne s’est toutefois pas encore prononcé sur les suites à lui donner, qui passeraient a priori par un appel d’offres de l’État. En France hexagonale, la production d’électricité d’origine éolienne s’est élevée à 25 000 kWh au cours des trois premiers trimestres 2022, soit 7,4 % de la consommation électrique française.