D’innombrables hommages ont suivi l’annonce du décès d’Abdéali Goulamaly, survenu le 27 octobre dernier. Âgé de 89 ans, le capitaine d’industrie n’avait plus qu’une activité réduite ces dernières années, mais le groupe qu’il a bâti depuis la création de l’entreprise de fabrication de peintures Mauvilac en 1970 connaît une croissance dynamique, à l’image du data center Omega 1 mis en service ces dernières semaines au Port.
D’ascendance indo-musulmane, originaire de Madagascar, Abdéali Goulamaly avait été attiré par La Réunion quand l’île entrait dans la modernité départementale, alors que la Grande Île connaissait les premiers soubresauts politiques qui allaient l’amener dans une descente aux enfers économique. Mauvilac, dont il a toujours préservé l’indépendance par rapport aux grands groupes nationaux et internationaux, a connu un essor régulier alors que son fondateur se diversifiait dans de nouveaux métiers. Il investissait notamment dans la pêche, avec Armement des Mascareignes, et amorçait un projet audacieux d’élevage de crevettes au Mozambique.
Abdéali Goulamaly faisait également partie des membres fondateurs de l’Adir (l’Association pour le développement industriel de La Réunion), en 1975, et l’a présidée de 1981 à 1987. Attaché plus que tout au développement de son île d’adoption, il a soutenu le lancement du premier studio local de création de dessins animés, Pipangaï, aux côtés d’Alain Séraphine. Visionnaire, il a « senti » avant tout le monde le potentiel de la téléphonie mobile, s’est associé avec SFR et a lancé le GSM à La Réunion en 1975. Il s’est séparé de son partenaire par la suite pour mieux revenir dans les télécommunications en investissant dans la fibre optique et en créant Zeop, aujourd’hui challenger des majors nationaux. Nassir et Azmina, ses deux enfants, poursuivent l’œuvre paternelle avec les mêmes convictions et le même sens de l’innovation.