Créée par le Département, la toute nouvelle marque « 100 % La Réunion » tente d’éclairer la clientèle sur l’offre se revendiquant de produits locaux, pour le moins encombrés de labels, signes d’origine et autres signes de qualité, dont certains pas toujours justifiés. Une volonté de clarification expliquée par Serge Hoareau, premier vice-président du Département délégué aux affaires agricoles.
Leader Réunion : En lançant une marque mettant en valeur la production locale, le Département réalise une action prévue au programme Agripéi 2030. À qui s’adresse cette marque ?
Serge Hoareau : Du côté des professionnels, cette marque s’adresse aux agriculteurs, artisans et, dans une moindre mesure, aux industriels, bien qu’ils y soient également tout à fait éligibles. Du côté du grand public, elle s’adresse aussi bien aux consommateurs réunionnais qu’aux touristes, qui ont ainsi de la clarté sur les produits qu’ils achètent.
Qu’apporte-t-elle de plus ou de différent par rapport à ce qui existe déjà en matière de signes de reconnaissance de production agricole et industrielle locale, voire nationale en ce qui concerne le bio ?
La création de la marque résulte d’une étude menée, il y a quelques mois, qui montrait que, d’une part, les consommateurs étaient perdus, désorientés face à la multitude de marques et labels existants et que, d’autre part, ils étaient demandeurs d’une information claire et sans ambiguïté sur l’origine des produits qu’ils achètent. Cette marque vient justement répondre à ce besoin. Elle apporte au consommateur la garantie que ce qu’il achète a bien été produit à La Réunion pour ce qui concerne les productions agricoles, ou fabriqué à La Réunion à partir de produits locaux. La marque « Produit pays » aurait pu aussi répondre à cette attente, mais le terme « péi » est galvaudé à La Réunion. On a ainsi pu trouver des « brisures de groseilles pays » qui, en fait, sont du bissap sénégalais, conditionné à La Réunion. Enfin, elle n’apporte aucune garantie supplémentaire sur le critère « bio ». Mais là encore, un produit « 100% La Réunion bio » signifie que ses matières premières sont bien produites à La Réunion. Peu de Réunionnais savent par exemple que la plupart des confitures réunionnaises bio sont fabriquées avec du sucre importé, faute de production locale suffisante en matière de sucre biologique. Cette marque vient donc clarifier l’offre et simplifier l’achat pour le consommateur.
La marque 100% La Réunion a-t-elle vocation à devenir le signe unique et officiel de reconnaissance des produits agricoles et agroalimentaires réunionnais destinés aux consommateurs ?
Chacune des marques existantes a sa logique, sa raison d’être. 100% La Réunion ne vient pas en concurrence avec elles. D’ailleurs les filières agricoles, l’ADIR, qui détiennent et promeuvent des marques en propre, ont été associées aux travaux depuis leur commencement. Cette nouvelle marque vient clarifier l’offre pour le consommateur. C’est donc au consommateur que le choix final revient. C’est à lui et à lui seul de valider telle ou telle démarche, telle ou telle action.
Sur quel cahier des charges se fonde la nouvelle marque ? Quels critères les producteurs doivent-ils satisfaire ?
Les cahiers des charges sont simples, accessibles à tous, et ils seront communiqués au grand public lorsque le site internet de la marque, en construction, sera opérationnel. Pour avoir droit à la marque 100% La Réunion, il faut simplement que le siège de l’entreprise et ses sites de production soient basés à La Réunion, que toutes les étapes de production aient bien lieu à La Réunion et que les ingrédients composant un produit soient produits à La Réunion. Si vous pouvez justifier d’un critère de qualité objectivé — un prix lors d’un salon reconnu, une haute qualité environnementale… —, vous pouvez demander la mention « 100% La Réunion Excellence ». Enfin, si vos productions sont certifiées bio, vous pouvez demander la mention « 100% La Réunion bio ». Mais j’insiste bien sur le fait que les mentions bio ou Excellence s’ajoutent aux critères de base, qui marquent l’origine réunionnaise des produits.
Des produits dont les emballages, par exemple les conserves, sont importés pourront-ils être déclarés 100% La Réunion ?
Oui, car nous avons considéré que l’emballage ne constitue pas la motivation de l’achat de tel ou tel produit.
De plus, La Réunion ne dispose pas d’outils industriels capables de répondre à la demande d’emballages. Il en est d’ailleurs de même pour certains excipients ou composants non produits à La Réunion : dès lors qu’ils ne dépassent pas 5 % de la matière sèche du produit, le produit peut demander la marque 100% La Réunion. C’est une tolérance que l’on retrouve dans la plupart des marques et labels.
La Région Réunion vient d’annoncer qu’elle travaillait à une « marque territoriale » : n’y a-t-il pas risque de confusion ?
La Région Réunion a été associée à nos travaux et réflexions bien avant qu’elle annonce vouloir créer une marque territoriale. C’est donc la preuve que les deux démarches sont complémentaires et non concurrentes. « 100% La Réunion », c’est une marque pratique, « terre à terre » ; [elle vient aider le choix d’achat du consommateur, dans les linéaires, dans les boutiques, sur les étals des marchés. La marque que veut développer la Région devrait être plus générique, plus globale et faire la promotion de La Réunion sous tous ses aspects. On n’est donc pas sur les mêmes dimensions.
Le Département s’est montré relativement discret jusqu’à présent sur 100% La Réunion : une communication grand public est-elle prévue ?
Oui, bien sûr. Nous avons d’abord travaillé à constituer une offre. C’est en partie fait puisque, comme vous l’avez dit, malgré une communication discrète, environ 40 producteurs et artisans réunionnais pour une centaine de produits ont demandé leur adhésion à la marque. Et nous recevons de nouvelles candidatures encore. Nous sommes en train de notifier les décisions. Certaines sont simples, d’autres demandent des renseignements complémentaires pour vérifier que l’origine réunionnaise est bien garantie. C’est ensuite que nous organiserons une communication grand public, sans doute vers la rentrée, pour expliquer la démarche poursuivie et inciter les consommateurs à acheter des produits 100% Réunion dès lors que l’origine du produit constitue, pour eux, un critère important d’achat. Et nous ferons également un focus sur cette nouvelle marque lors du prochain Salon international de l’agriculture pour informer la clientèle métropolitaine et la diaspora réunionnaise, ainsi que les acheteurs professionnels de nos produits.